Points de vue sur l'actualité

Lutte contre les discriminations

Le rapport sur la lutte contre les discriminations ethniques dans l'emploi remis le 8 septembre par son auteur, Roger Fauroux, ancien président du Haut conseil à l'intégration, à Jean-Louis Borloo fait suite à un précédent rapport sur le même thème.

La volonté affichée par la commission Fauroux, composée notamment de DRH d'entreprises (AXA, SNCF...), de membres d'associations (SOS Racisme...) et de représentants d'organisations syndicales est de "passer des intentions aux actes."

L'Ugica CFTC déplore que le rapport remis aux ministres ne se limite à des constats. En effet, les discriminations raciales contribuent toujours aux difficultés d'insertion professionnelle des personnes issues de l'immigration. Les constats, d'un rapport à un autre convergent mais aucune préconisation n'est assortie de contraintes réglementaires. La situation ne devrait pas s'améliorer si on en croit les déclarations d'Azouz Begag ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances. "Les quotas, la discrimination positive qui rigidifie la situation, on n'en veut pas" !

Dans ces conditions, quel(s) acte(s) tangible(s) découlera(ont) de ce nouveau rapport ? De nombreuses associations, à l'image du Club Africagora regroupant entrepreneurs et cadres des minorités, ont réclamé des "actes concrets" contre la discrimination notamment en "comptabilisant les minorités ethniques aux postes d'employé, de cadre et de dirigeant". L'Ugica demande à ses cadres d'être vigilants en entreprise afin de lutter contre ce type de pratiques discriminatoires touchant notamment les cadres et déplore l'absence de mesures coercitives.

Parallèlement, Azouz Begag et François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, ont lancé le 12 septembre un appel à projets à destination des Universités. Cet appel intitulé "Promouvoir l'égalité des chances à l'université" a pour ambition de s'attaquer à la source même du problème et sera doté d'une enveloppe budgétaire de trois millions d'euros.

Selon François Goulard, il est en effet nécessaire de "briser les barrières culturelles qui conduisent aujourd'hui de nombreux lycéens à opter pour une orientation par défaut." Pour sa part, Azouz Begag estime : "Nous avons besoin des universités pour gagner le pari de l'égalité des chances car elles produisent la grande masse des diplômés de l'enseignement supérieur et donc des cadres ."

L'Ugica a depuis longtemps souligné, dans le cas de l'absence de femmes à des postes de responsabilité (le fameux "plafond de verre"), le rôle de l'orientation scolaire et de la perception des jeunes de leur place dans la société. L'absence d'objectifs chiffrés dans le cas de discriminations ethniques comme dans le cas de discriminations envers les femmes (ce qui est observé depuis de trop nombreuses années) contribue au statut quo. L'Ugica ne peut se satisfaire de cet état de fait !