Points de vue sur l'actualité

Hôpitaux psychiatriques : un malaise sous camisole

II aura fallu plusieurs évasions et diverses manifestations de violence, relayées par les médias notamment à Pau, pour que Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, annonce l'accélération du Plan santé mentale et le renforcement de la sécurité dans les hôpitaux psychiatriques. " Nous sommes, nous aussi, passés très près de ce genre d'événements. En permanence les salariés ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête ! ", souligne Christian Farjot, délégué syndical central et conseiller fédéral Santé-Sociaux CFTC. Depuis des années, le militant - qui travaille au sein de l'établissement de Privas dans l'Ardèche, établissement participant au service public hospitalier et qui regroupe les établissements de Nice, Rodez, Le Puy et Clermont-Ferrand - déplore le manque de lits et de personnel infirmier, médecin et aide-soignant. " Nous prenons en charge des patients qui souffrent de pathologies très diverses, toxicomanes, jeunes mineurs marginaux... Le mélange de ces populations augmente les risques de violence " poursuit-il. Du fait des suppressions de lits et des fermetures d'hôpitaux de jour, les sorties précoces de patients et leurs allers-retours en hôpitaux psychiatriques sont fréquents et enveniment leur situation. Un observatoire sur la violence a été mis en place à Privas afin de soutenir le personnel (formation aux gestes de prévention, inventaire des agressions). Mais la création d'une unité pour malades agités et perturbés n'a pu voir le jour... faute de médecins. Les attentes du personnel vont bien au delà des boîtiers d'alarme individuels à disposition des soignants promis par le ministre de la Santé, en nombre insuffisant aujourd'hui. Des moyens financiers et humains conséquents sont nécessaires pour soigner le malaise au sein des hôpitaux psychiatriques.