Points de vue sur l'actualité

Les catégories intermédiaires ponctionnées au nom de l'emploi

Tout laisse à penser qu'une fois encore, les classes moyennes pourraient se retrouver en position de victimes en cette rentrée fiscale. Ainsi, un rapport du Conseil d'analyse économique, à paraître, livre de façon parfois très elliptique, des pistes bien inquiétantes pour les revenus intermédiaires. Ce rapport, écrit et soutenu par les économistes les plus influents, prône sans états d'âme une baisse massive du taux de l'impôt sur les sociétés, la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, éventuellement remplacé par un hypothétique prélèvement complémentaire des revenus les plus élevés. Ces deux diminutions d'impôt seraient financées par une hausse importante de la CSG, voire par une imposition comparativement plus forte pour les classes moyennes. Les auteurs du rapport précisent que les 30% des personnes les plus modestes ne seraient pas touchés par ces réformes fiscales, ce qui n'est pas étonnant sachant que la majeure partie de ces ménages ne sont pas susceptibles d'être imposables.

Selon les économistes interrogés, la baisse de l'imposition des sociétés se justifierait par une nécessaire harmonisation au niveau européen, destinée à éviter les délocalisations, et à créer des emplois dans les petites et moyennes entreprises. Or, les études montrent que les principales raisons pour lesquelles les petites entreprises investissent insuffisamment proviennent d'une conjoncture et d'un environnement peu favorables, des fluctuations des marchés, et de la difficulté à remplir des carnets de commande. Imputer tous les maux dont souffrent les entreprises à la fiscalité n'est donc pas tout à fait réaliste sauf à supposer que cela permette aux pouvoirs publics de faire des cadeaux au patronat, au détriment, encore et toujours, des catégories intermédiaires.