Points de vue sur l'actualitéLa Cnil rejette la délation professionnelleLe Whistleblowing, littéralement " coup de sifflet ", autorisé dans différents Etats comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou encore la Corée du Sud, ne passera pas en France. La commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a en effet refusé d'autoriser deux projets de " lignes éthiques " qui lui étaient soumis au cours de sa séance du 26 mai 2005. Ils reposaient sur la mise en place d'un dispositif permettant aux salariés, par téléphone, par mél, par télécopie ou par courrier postal, d'alerter leur hiérarchie des pratiques ou comportements d'autres salariés supposés contraires aux lois en vigueur ou aux règles propres édictées par l'entreprise. Certaines entreprises en France comme Castorama, Lennox ou encore Kodak avaient commencé à mettre en place ce système, provoquant aussitôt de vives réactions des représentants du personnel. Le tribunal d'instance de Lyon, au mois de février dernier, a exigé son retrait au sein de l'entreprise Lennox. On comprend aisément les dérives que ce système peut engendrer. Autre exemple : l'ex-Pdg de Boeing, Harry Stonecipher, a été contraint de démissionner après la révélation de sa liaison avec une cadre (victime de la procédure d'alerte qu'il avait lui-même mis en place sous sa présidence). Autrement dit, sur dénonciation anonyme, un salarié peut se retrouver sans emploi pour des faits concernant exclusivement sa vie privée et n'ayant, a priori, aucun rapport avec son activité professionnelle. C'est pourquoi, selon la Cnil, de tels dispositifs sont, dans leur principe même, contraire à la loi " informatique et liberté " car ils pourraient conduire à un système organisé de délation professionnelle. Elle a également relevé que la possibilité de réaliser ces " alertes " de façon anonyme ne pouvait que renforcer le risque de dénonciation calomnieuse. |