Points de vue sur l'actualité

La Commission européenne préconise une politique de "rigueur salariale"

Cinq ans après l'adoption de la stratégie de « Lisbonne », qui devait faire de l'Union européenne la zone économique la plus compétitive du monde à l'horizon 2010, force est de reconnaître son échec. Il apparaît urgent d'agir en procédant à un recentrage des priorités européennes en matière de croissance et d'emploi pour la période 2005-2008. Dans cette perspective, le Conseil européen de juin aura à se prononcer sur un document élaboré en avril dernier par la Commission et qui définit les "lignes directrices intégrées" (LDI), sur la base des orientations de politiques économiques et sociales de la stratégie de Lisbonne. Ces LDI sont divisées en deux parties, les grandes orientations de politiques économiques (GOPE) et les lignes directrices pour l'emploi (LDE).

Sur les 24 LDI, deux posent le principe de rigueur salariale pour les trois années à venir. La Commission promeut une approche régionale et locale dans la détermination des salaires et une segmentation du niveau de rémunération en fonction des branches et des régions. De telles préconisations étonnent car ni les traités ni le projet de traité constitutionnel ne donnent compétence à l'UE en la matière. Les attributions des partenaires sociaux sont aussi remises en cause. L'unique préoccupation de Bruxelles réside dans la rigueur salariale comme facteur améliorant la compétitivité des entreprises. Or, l'évolution du coût salarial unitaire réel depuis une quinzaine d'années n'a nuit aux entreprises ni en France ni dans l'UE. Au contraire, une diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée a été constatée. Pour la CFTC, le défi que l'économie européenne doit relever tient davantage à empêcher que la reprise économique ne soit étouffée par une baisse du pouvoir d'achat.