Points de vue sur l'actualitéLe meilleur et le pireLe Premier ministre se montre plus sensible au message des ultras de sa majorité et du patronat qu'au mécontentement des salariés. Dans le discours de politique générale, prononcé le 8 juin par le nouveau Premier ministre, le meilleur côtoie le pire. Je ne peux, en effet, que souscrire à la volonté clairement affichée par Dominique de Villepin de concilier l'économique et le social. De même que nous pouvons faire nôtres les grandes orientations gouvernementales en matière de recherche et de développement, de politique économique et industrielle. Je me félicite, également de voir le chef du gouvernement, rappeler la nécessité de poursuivre la construction européenne et de relancer le partenariat franco-allemand. Dernier satisfecit : le fait que le gouvernement revienne sur les baisses d'impôts qui pénalisent l'action de l'Etat est une bonne chose. Mais, le chef du gouvernement reste là au niveau du concept : aucune mesure phare n'a été annoncée. Pour ce qui est du concret, notamment dans la bataille à mener en faveur de l'emploi, le Premier ministre, comme son prédécesseur, se montre plus sensible au message des ultras de sa majorité et du patronat qu'au mécontentement et à la colère exprimés le 29 mai dernier. Il en résulte des mesures qui frôlent la provocation et qui sont loin d'être à la hauteur des défis à relever. M. de Villepin s'est engagé à ne pas toucher au code du travail, mais deux mesures, au moins, risquent sérieusement de le malmener : le "contrat nouvelle embauche" et la "simplification de l'acte d'embauche grâce au chèque-emploi pour les très petites entreprises." Dans les deux cas, il consacre l'ère du salarié jetable, du travail précaire et des petits boulots inintéressants et mal payés. La cohésion sociale, ce n'est pas seulement un emploi, c'est aussi un emploi de qualité qui permet au salarié et à sa famille de vivre décemment. Or, sur la question des salaires, le Premier ministre est resté évasif. Il demande aux salariés de faire des efforts, mais, en contrepartie, les entreprises ont le champ libre pour déconstruire le lien social. Enfin, la CFTC n'acceptera pas de servir de caution à un semblant de dialogue social ni d'être instrumentalisée pour faire accepter le principe des ordonnances. |