Points de vue sur l'actualité

Ni Smic, ni durée légale du travail, ni contrat de travail, une France danoise !

En matière de lutte contre le chômage, le modèle danois semble être devenu la panacée. Tandis que la France et l'Allemagne s'enlisent dans le chômage de masse, le Danemark est parvenu à diviser par deux son taux d'inactifs en dix ans, sans pour autant se tourner vers le "modèle anglo-saxon." Il est donc tentant pour un gouvernement, de vouloir s'inspirer d'un système où le chômage de longue durée n'existe pas, où les chômeurs bâtissent un projet professionnel durable, le tout dans un consensus politique, social et syndical et sans alourdir les dépenses publiques... Le chômeur est devenu une personne "active", soumise à des règles strictes et ayant droit à des formations et des aides. Dans ce petit pays fortement décentralisé, il est très contrôlé et perçoit une indemnisation représentant 90 % de son salaire antérieur. On parle d'une "flex-sécurité", système original qui réunit sécurité pour le citoyen et marché du travail flexible. Parallèlement, le droit du travail a été petit à petit modifié et aujourd'hui les employeurs ont une liberté quasi-totale de licencier. Le marché du travail danois n'a rien à envier aux Etats-Unis. Il n'y a pas d'indemnité à verser pour un employé de moins d'un an d'ancienneté et le préavis est très court. Mais cette "activation" du chômeur ne fait pas l'unanimité au Danemark. Lors des premières réformes, une partie importante des chômeurs a été radiée des statistiques du chômage avec la possibilité, pour de nombreux employés âgés, de partir en préretraite. Autre élément : il n'est pas prouvé par toutes les évaluations que la formation longue des chômeurs leur confère une chance supérieure de retrouver du travail. Des études parlent déjà "d'activation stérile." Enfin, la fluidité extrême du marché du travail s'est accompagnée d'une réforme de la fiscalité. Le taux d'imposition au Danemark est l'un des plus élevés d'Europe et les dépenses publiques pour l'emploi représentent 1,66 % du PIB, contre 0,91 % en France. Avec de faibles créations d'emplois publics. Il n'y a ni salaire minimum ni durée légale du travail, ni modèle de contrat de travail. Le dialogue social est hyper décentralisé. Conclusion : on ne peut pas importer la "flex-sécurité" sans ses contraintes.