Points de vue sur l'actualité

Le gouvernement temporise

Pour répondre aux revendications exprimées par les salariés lors des manifestations de février et mars 2005, Jean-Pierre Raffarin avait dévoilé son plan d'action pour augmenter le pouvoir d'achat sans toucher aux salaires. Le 23 mars, devant le Conseil économique et social, après avoir appelé à des négociations de branche sur les bas salaires et réuni les fédérations de fonctionnaires, il annonçait un déblocage des fonds de participation. "Je crois que le blocage obligatoire des sommes issues de la participation n'a plus aujourd'hui de véritable raison d'être, déclarait-il alors. Le principe du blocage avait été conçu dans une autre période, où l'accès au crédit était difficile, où le pays manquait d'épargne pour financer sa croissance. Je pense qu'aujourd'hui c'est la liberté de choix qui doit prédominer". La CFTC a, alors, exprimé ses vives critiques sur ce projet : le déblocage de la participation ne peut être un substitut à la politique salariale ! Jacques Voisin s'en est par ailleurs entretenu avec Gérard Larcher. Rappelant que "la participation a été conçue pour associer les salariés aux résultats de l'entreprise", la CFTC indiquait que "l'indisponibilité des sommes répond à l'idée de constituer une épargne salariale tout en permettant de contribuer au financement de l'entreprise et de l'économie."

Aujourd'hui, changement de stratégie : devant le "succès de l'actionnariat salarié", Thierry Breton, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, déclare réfléchir à un autre dispositif, "où le blocage reste la règle." M. Breton a indiqué que le projet de loi sur les PME, la participation et le financement de l'économie, débattu à partir du 31 mai à l'Assemblée, comporterait une mesure de déblocage ponctuelle. Gérard Larcher fera le point avec les partenaires sociaux le 10 juin. Le gouvernement temporise et les salariés attendent.