Points de vue sur l'actualité

Les classes moyennes sont-elles les perdantes de toutes les réformes ?

Longtemps oubliées de la scène politico médiatique, les classes moyennes sont récemment devenues le point de mire d'une classe politique en mal de mesures mobilisatrices. Officiellement courtisées, regroupant les deux tiers de la population française, les classes moyennes n'en demeurent pas moins les grandes perdantes des réformes politiques et fiscales qui se sont succédées. Le portrait social dressé par l'Insee en novembre dernier jette un éclairage peu flatteur sur l'impact des différentes mesures (baisse des impôts sur le revenu, prime pour l'emploi, politique familiale), prises entre 2000 et 2003. Suite à ces mesures censées leur être destinées, les classes moyennes ont perçu des transferts de revenus deux fois moins importants que ceux destinés aux ménages situés aux deux extrêmes de l'échiquier social, à savoir les classes modestes et les ménages les plus aisés. La précarité, une dégradation des conditions de vie, l'insécurité de l'emploi, les difficultés face au logement, les frappent désormais. En l'espace d'une décennie, le risque de perte d'emploi des professions intermédiaires du secteur privé s'est accru de 30 %. Les classes moyennes subissent une régression de leur pouvoir d'achat, qui a reculé de 0,2 points entre le troisième et le quatrième trimestre 2004. Les revendications salariales qui prennent de l'ampleur participent à une nécessaire revalorisation du travail, seule à même d'enrayer le mécanisme de récession qui frappe les classes moyennes.