Points de vue sur l'actualité

Une croissance pauvre

De fin 1994 à 2001, l'emploi en France a augmenté de 1,9% par an. Il y a eu 17,6 millions de mouvements de postes pour un solde net de 1,6 million. C'est ce que révèle une récente étude de l'Insee qui a comparé les créations d'emplois aux destructions pour déterminer les créations nettes et l'enseignement à en tirer. La plupart des mouvements sont le fait d'entreprises relativement pérennes (plus d'un an). L'essentiel des réallocations d'emploi ("créations" + "destructions") a lieu au sein du même secteur, alors que les réallocations inter-sectorielles sont plutôt observées dans les secteurs en récession comme l'industrie. Il y a plus de mouvements dans les services. L'Insee relève un constat pour le moins inattendu : dans le cycle de croissance 1996-2001, "les augmentations brutes d'emploi ne progressent pas et la croissance nette de l'emploi résulte en fait de la réduction importante des diminutions brutes". La France aurait bénéficié d'une croissance pauvre en création d'emplois. Fin 2004, l'Insee notait que "la tertiarisation de l'économie associée à une plus grande flexibilité de l'emploi augmente la dispersion des destructions d'emplois et engendre une modification de l'ajustement de l'emploi au cours du cycle". La France est moins sensible que les pays anglo-saxons aux périodes de crise et de croissance économique, mais cela est moins vrai depuis les années 1990 (voir Insee Première n°1014, mai 2005).