Points de vue sur l'actualité

Un enfant quand je peux ?

A quelques semaines de la Conférence de la famille 2005, la CFTC, par la voix de Didier Patte, administrateur de la Cnaf, s'est prononcée sur le rapport du groupe de travail préparatoire "Enjeux démographiques et accompagnement du désir d'enfants des familles". En voici une synthèse. "Avec un taux de natalité avoisinant 13 naissances pour 1 000 habitants, la France se situe en effet au deuxième rang de l'Union européenne en la matière. Pour autant, il y a lieu de ne pas se satisfaire : avec un indicateur de 1,916 enfant par femme en 2004, la France ne dispose pas aujourd'hui d'un niveau de fécondité permettant un renouvellement effectif de ses générations. Pour assurer ce renouvellement, les femmes doivent avoir en moyenne 2,07 enfants ; de plus, l'âge de la mère à la première naissance est en recul net. La CFTC souscrit au constat inquiétant dressé par ce bilan. L'évolution de ce bilan démographique fragile dépendra grandement de la ou des politiques familiales menées par les gouvernements successifs.

En préalable de ce rapport, il eut été souhaitable pour la CFTC de voir ériger en principe que l'arrivée d'un enfant est un bienfait, pas seulement un risque social et encore moins un empêchement pour la bonne marche de l'entreprise comme de la société. Quant aux propositions, on est donc loin d'une politique de la famille ambitieuse : il s'agit plutôt d'un travail d'imagination visant à redistribuer, de façon plus adéquate, les aides aux familles afin de consolider, d'une part, une très relative bonne santé démographique et de favoriser, d'autre part, l'accompagnement du désir d'enfants des familles. La CFTC rappelle que la politique familiale globale doit être fondée sur le principe du libre choix. Il appartient à l'Etat de mettre tout en œuvre pour que ce libre choix soit effectif pour toutes les familles sans distinction. Or il apparaît que le choix n'existe pas puisque c'est plutôt le slogan "un enfant quand je peux" qui prévaut. La précarité, le logement, l'entrave à la vie professionnelle, etc., sont des motifs de choix incontournables. Certaines questions n'ont donc pas été suffisamment traitées, comme le problème majeur du logement. La crise du logement, notamment dans les grandes agglomérations, a une incidence sur la démographie et le désir d'enfants. Les propositions à ce sujet sont confuses et pas à la hauteur de l'enjeu. Quant aux actions en faveur des étudiantes mères et la campagne d'information sur les risques des grossesses tardives, elles ne peuvent à elles seules favoriser le désir d'enfant chez les jeunes. Le groupe de travail a été timide sur les solutions à apporter aux femmes restant au foyer pour élever leurs enfants ou aux jeunes femmes qui n'ont pas encore exercé une activité professionnelle. De même sur les mesures concernant la situation de la femme enceinte et de l'accouchée : il serait souhaitable qu'il y eût une véritable promotion de la femme enceinte et un véritable accompagnement de l'accouchée.

Cela dit, la CFTC est satisfaite des points sur une meilleure indemnisation du congé parental sur une durée plus courte, une carte "familles nombreuses" valorisée, un contrat de gestion du congé parental d'éducation. La CFTC juge intéressante l'idée d'une charte Familles Entreprises pour une meilleure articulation entre les parcours familiaux et les parcours professionnels. La modestie même des propositions les rend crédibles dans le contexte budgétaire actuel.

Cependant, il faudra que l'Etat accepte le principe d'une dotation financière, exceptionnelle pour certaines mesures, pérenne pour d'autres. Il y va de la crédibilité de la politique familiale et de la Conférence de la Famille devenue, au fil des ans, un moment fort d'une certaine "exception française", c'est-à-dire d'une approche globale et publique de la démographie, de la famille, de la natalité."