Points de vue sur l'actualité

Le salaire ne suffit pas

Le débat sur le pouvoir d'achat et la redistribution des revenus de la croissance a repris ces dernières semaines avec les publications fracassantes des chiffres des rémunérations des grands patrons et des profits boursiers en 2004. La semaine dernière la presse faisait état d'une hausse de près de 10% des revenus des dirigeants des entreprises cotées au CAC 40. A comparer avec les salariés. Selon le Credoc, le pouvoir d'achat global ne baisse pas et s'est même accru depuis 2001, soit à la fin de la parenthèse de croissance économique, de 2,6% en moyenne. Le pouvoir d'achat dépend de trois facteurs : l'évolution des revenus, des indices de prix et la structure de la consommation. Mais une autre étude semble contredire ce constat. Le Cerc-Association (Connaissance de l'emploi, des revenus et des coûts, fondée par des anciens du Cerc et à ne pas confondre avec le Conseil, rattaché au Premier ministre) publie lui une étude accablante : selon lui, le pouvoir d'achat des salariés "n'a guère connu de progression depuis la fin des années 70", explique son auteur, Pierre Concialdi, économiste à l'Ires, qui estime que "les récentes revendications salariales ne sont pas le fruit d'une illusion d'optique liée à l'annonce de profits boursiers records", mais traduisent "la chute considérable de la part des revenus nets d'activité dans le revenu total des ménages". En somme, ceux qui n'ont que les revenus du travail sont, avec les demandeurs d'emplois, des laissés pour compte... "Aujourd'hui, la place des ménages de salarié ou de chômeur dans l'échelle des niveaux de vie est ainsi comparable à celle qui prévalait au milieu des années 1950", enfonce le Cerc-Association. Dans un communiqué du 2 mai, la CFTC a rappelé que "l'heure est venue d'inverser la tendance en la matière, en mettant en oeuvre de véritables politiques de revalorisation salariale axées sur un partage équitable de la valeur ajoutée et un relèvement substantiel des minima de branche dont aucun ne devrait être inférieur au Smic. N'oublions jamais que la feuille de salaire n'est pas l'ennemie de l'emploi et que près des deux tiers des emplois français dépendent directement de la demande intérieure".