Points de vue sur l'actualité

Heineken : la faute à la sobriété des consommateurs

La bière se porte mal en France, aux dires du PDG de Heineken France, Didier Debrosse. Ce marché a accéléré son déclin depuis le début de l'année, avec une diminution de 8% des volumes vendus, qui s'ajoute à la baisse de 6% déjà constatée en 2004. Une des causes serait la baisse de fréquentations des "bistrots" : 90% de nos concitoyens s'y rendaient 2,7 fois par semaine en 1997, et seulement 70% en 2002. Face à ce déclin, la filiale française du groupe néerlandais (33% du marché, second derrière Kronenbourg) a annoncé dès mars dernier une restructuration de sa production, avec la suppression de 204 emplois sur ses 5 900 d'ici fin 2007. Les négociations entre syndicats et direction sont entamées depuis, mais les salariés de Heineken France, insatisfaits, ont décidé ces jours-ci de se faire entendre. Le 10 mai, ils doivent signer un PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) qui laisse encore 19 personnes sur le carreau. La CFTC, majoritaire sur le site de Marseille, donne le ton : "Les mesures d'âge prévues nous conviennent, explique Raymond Boriello, Délégué Syndical Central CFTC Heineken France, mais la direction persiste à proposer des conditions de départ ne tenant pas compte de l'ancienneté des salariés. On veut un geste de sa part." Des grèves et des manifestations devant le siège ont été organisées les 2 et 3 mai sur les sites français concernés : Fischer Schiltigheim (filiale, Bas-Rhin : 58 suppressions de postes sur 360 salariés), Heineken Schiltigheim (25 sur 300), Mons-en-Baroeul (Nord, 91 sur 386), et Marseille (Bouches-du-Rhône, 30 sur 160). Environ 200 salariés étaient présents devant le siège social de la société à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).