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Les pertes d'emplois ne sont plus ce qu'elles étaient

Plusieurs études du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Cohésion Sociale limitent les conséquences sociales de la désindustrialisation. Selon la Dares, le recul de l'emploi industriel n'est pas le reflet d'un phénomène massif. L'emploi dans le secteur industriel a nettement reculé en trente ans (perte de 1,5 million d'emplois), passant de 26% de l'emploi total en 1970 à moins de 18% aujourd'hui. Mais parallèlement, la part de la valeur ajoutée produite par l'industrie s'est maintenue et la part des emplois industriels dans le secteur tertiaire s'est développé, à partir des années 90. Aujourd'hui, 29% des métiers industriels sont pratiqués dans des secteurs non industriels, comme la maintenance ou la composition graphique dans le tertiaire et 38% des emplois dans l'industrie concernent des métiers non industriels, comme le transport, la logistique, les métiers commerciaux et administratifs. Ainsi, la baisse des emplois dans l'industrie serait moins le reflet d'une désindustrialisation structurelle que des mutations de l'industrie et de la conjoncture globale. "L'industrie est sensible à des cycles plus conjoncturels : entre 1989 et 1993, le secteur a perdu 480 000 emplois à cause de la récession. Les suppressions d'emplois ont été moindres lors du ralentissement observé entre 2000 et 2003, avec 130 000 pertes", note la Dares. Un troisième élément relativise les baisses de l'emploi dans l'industrie : le recours à l'intérim, "qui semble même avoir renforcé les gains de productivité, en accentuant la réactivité de l'emploi industriel à la conjoncture". Ainsi, entre 1992 et 2002, les effectifs industriels ont baissé de 7,5 %, mais la baisse n'est que de 2,7% si l'on prend en compte l'intérim, soit une perte de 120 000 postes