Points de vue sur l'actualité

De l'illusion au désespoir

La CFTC ne peut qu'approuver Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il défend, devant le Conseil économique et social, la philosophie de la participation ; elle rappelle qu'elle a toujours souhaité voir les salariés associés à la vie de l'entreprise et aux fruits de sa performance. L'objectif de la participation aux résultats consiste, en effet, à attribuer aux salariés une part des bénéfices, en contrepartie de leur travail. Le blocage pendant cinq ans des sommes attribuées dans ce cadre répond à l'objectif de favoriser la constitution d'une épargne par les salariés, tout en favorisant par cette épargne le financement d'investissements. La CFTC souhaitait entendre le Premier ministre proposer des mesures permettant à l'ensemble des entreprises, petites et grandes, de développer la participation aux résultats et l'intéressement. Elle est déçue.

Les mesures annoncées remettent en cause le dispositif même de la participation aux résultats. Alors que le pouvoir d'achat stagne, les salariés qui vont désormais pouvoir débloquer les sommes épargnées dans le cadre de la participation vont devoir les dépenser pour pouvoir vivre, parce que les entreprises ne souhaitent pas mener de politique salariale. Par ailleurs, les dispositifs présentés par Jean-Pierre Raffarin manquent de cohérence par rapport aux mesures prises dans le cadre des réformes des retraites de 2003. Hier, il demandait aux salariés de se constituer une épargne retraite pour leur permettre financer une partie de leur retraite ; aujourd'hui, il encourage ces mêmes salariés à désépargner. Cette politique ne permettra pas d'instaurer la confiance dont a besoin l'économie française pour alimenter la consommation et la croissance.

Le Premier ministre crée la confusion et remet en cause la complémentarité entre la participation et l'intéressement. Par ses propositions, les entreprises de moins de 250 salariés, supprimeront la participation au profit de l'intéressement, un dispositif aléatoire. La France était en avance sur l'Europe. Il ne faudrait pas qu'à travers la réforme proposée, aujourd'hui, on aboutisse à un alignement sur les autres pays.

Communiqué du 23 mars 2005.