Points de vue sur l'actualité

L'Alsace en proie à une polémique sur le Vendredi Saint

Scandalisés par la décision d'une chaîne de supermarchés (Match) d'ouvrir sa soixantaine de magasins en Alsace et en Moselle, le Vendredi saint, au titre de la journée de solidarité, les catholiques et protestants alsaciens ont défendu bec et ongles avec le soutien de la classe politique ce jour, qui est férié depuis plus d'un siècle dans la région. Le groupe Match a pourtant choisi le jeudi de l'Ascension dans le reste de la France. Suivant cet exemple, d'autres commerces ont pris la même décision. Le supermarché Leclerc de Colmar, qui va également ouvrir vendredi avec l'accord de "100%" du comité d'entreprise selon la direction, met, lui, en avant la qualité du service : "c'est plus de confort pour tout le monde." La CFTC s'était aussitôt engagée dans la lutte : "les consommateurs n'ont pas plus de pouvoir d'achat ce jour-là qu'un autre", a contesté Philippe Tardy, secrétaire général de la CFTC du Bas-Rhin, dénonçant un "coup de pub" des magasins. Selon l'Institut du droit local alsacien-mosellan, les entreprises qui travailleront le Vendredi Saint au lieu du lundi de Pentecôte, après avoir signé un accord avec leurs salariés seront ainsi dans leur droit. Mais malgré cette légalité, la CFTC, qui appelait à un "boycott" des magasins vendredi, dénonçait un "premier coup de canif dans le droit local". Les représentants locaux de l'Eglise, ainsi que les politiques, se sont joints à l'émotion générale, et la commission permanente du conseil général du Bas-Rhin, dans une motion adoptée le 21 mars à l'unanimité, a protesté "vigoureusement" contre cette ouverture.