Points de vue sur l'actualité

Les dernières armes du Medef

Les entreprises du Cac 40 n'ont jamais fait autant de profits que cette année. Cherchez l'erreur !

Parmi les débats sociaux qui ne manquent pas ces jours-ci, le thème du partage des bénéfices entre salaires et profits demeure central pour la CFTC, elle qui a longtemps prêché, seule dans le désert, les vertus de l'intéressement et de la participation des salariés à la performance de leur entreprise. Deux chiffres illustrent pour nous ce débat : d'abord cette récente étude de l'Insee qui a révélé que les salariés ont perdu 0,3% de pouvoir d'achat en 2003. Puis la révélation, la même semaine, faite par le ministre de l'Industrie, Patrick Devedjian, selon lequel les entreprises du Cac 40 n'ont jamais fait autant de profits que cette année. Cherchez l'erreur ! Quant à la Fonction publique, ce n'est pas avec ce que les fonctionnaires vont obtenir qu'ils vont récupérer ce qu'ils ont perdu en pouvoir d'achat depuis cinq ans.

Face au mécontentement social, le gouvernement répond par des mesures incitatives à l'intéressement et la participation. Il est appuyé en ce sens par le Medef, qui a bien compris que là étaient ses dernières armes pour se soustraire à sa responsabilité sociale en matière de salaires. Mais la CFTC est trop attachée à l'esprit de la participation pour accepter ce jeu de dupes, qui risque de mettre en péril à la fois la politique salariale et l'équilibre budgétaire du pays, les entreprises recevant de nouveaux cadeaux fiscaux en échange de la relance de l'intéressement de leurs salariés.

La CFTC a réuni cette semaine son Comité des fédérations et des régions pour faire un état des lieux de la situation sociale après la mobilisation du 10 mars. Elle a identifié les branches dans lesquelles il est prioritaire d'engager des négociations salariales. Parallèlement, elle en a appelé au chef de l'Etat lui-même pour qu'il demande l'ouverture de ces négociations.