Points de vue sur l'actualité

Les français ne se sont pas exprimés dans la précipitation

Après un long silence auquel il ne nous avait pas habitué, le président du Medef vient d'exprimer la réaction de son organisation aux propos du Premier ministre, propos qui ont suivi une manifestation de grogne sociale sans équivalent de la part des français, le 10 mars dernier. Les salariés ont en effet donné un message important au gouvernement et au patronat et ce message, qui suivait les deux journées de mobilisation du 20 janvier puis du 5 février, ils ne l'ont pas donné dans la précipitation. Contrairement au président du Medef, la CFTC estime que le Premier ministre est tout à fait dans son rôle lorsqu'il montre qu'il a entendu ce message et cherche à y répondre. L'Etat employeur est dans son plein rôle lorsqu'il annonce la reprise de négociations salariales dans la Fonction publique, alors que les fonctionnaires ont perdu 5% de pouvoir d'achat depuis 2000.

Concernant le secteur privé, il va de soi que la décision des salaires appartient à l'entreprise. Lorsque manifestement ce dialogue sur les salaires est bloqué, comme le montre la perte de pouvoir d'achat des salariés que vient de révéler l'Insee, il existe une instance, la commission nationale de la négociation collective, chargée d'en faire le bilan. La CFTC a demandé que cette instance soit réunie sous l'autorité du ministre. Elle l'a obtenue car face au mécontentement exprimé le 10 mars, un gouvernement responsable ne pouvait pas faire moins. Il s'agit de peser en faveur de l'ouverture de négociations salariales dans les branches professionnelles, qui connaissent certes des situations très disparates, et certainement pas de tenir le stylo de négociation des partenaires sociaux.

Concernant les annonces du président du Medef sur l'intéressement et la participation, thèmes chers à la CFTC, nous nous félicitons de toutes les mesures qui permettraient d'étendre ces formules, dont pour l'instant 60% des salariés du privé sont exclus. La CFTC demande notamment que la participation financière soit rendue obligatoire dans les entreprises de moins de 50 salariés. Cependant, elle rappelle que l'intéressement et la participation sont des instruments de rémunération de caractère aléatoire, qui ne doivent donc pas se substituer à une politique salariale.

Les manifestations successives que vient de connaître la France sont l'expression d'une société dans laquelle le dialogue social est bloqué : l'urgence est aujourd'hui à la reprise du dialogue social dans le secteur privé comme dans le secteur public.

Communiqué du 15 mars 2005.