Points de vue sur l'actualité

L'insécurité face à l'emploi demeure une réalité pour les salariés...

L'instabilité de l'emploi et les inégalités face à l'insécurité s'accroissent depuis vingt ans, tel est le constat dressé dans le dernier rapport du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (Cerc). Celui-ci distingue l'instabilité de l'emploi (perdre ou quitter son emploi) et l'insécurité de l'emploi (perdre son emploi et être durablement au chômage). Si l'insécurité n'est pas plus importante que dans les années 80, "le sentiment d'insécurité croissante est fort chez les salariés", confrontés au chômage massif, à la Précarisation de l'emploi et à la paupérisation. Ainsi, "l'instabilité de l'emploi a nettement progressé sur la période allant de 1983 à 2002. Pour cent salariés présents en début d'année dans un établissement, on enregistrait, dans les déclarations de mouvement de main d'oeuvre, environ 23 sorties en 1983 contre 37 en 2002", note le Cerc. De 2001 à 2002, l'emploi s'est accru d'environ 170 000 personnes, mais "cette hausse est le résultat de flux d'embauches et de séparations extraordinairement plus élevés" : les entreprises ont ainsi pratiqué 5,2 millions d'embauches au cours de l'année 2002, alors que près de 5 millions de personnes ont quitté ou perdu leur emploi. La croissance de l'instabilité de l'emploi s'explique notamment par l'augmentation du poids des services, où l'instabilité est forte, et par les changements de modes de production et de gestion de la main d'oeuvre. L'actuel Cerc remplace le Centre d'étude des revenus et des coûts, supprimé en 1994. Il est présidé par Jacques Delors et transmet ses rapports au Premier ministre, aux présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social. Pour la CFTC, cette étude pose bien les termes du débat entre la recherche de flexibilité pour les entreprises et la sécurité de l'emploi pour les salariés (télécharger le rapport sur www.cerc.gouv.fr).

...alors que l'OCDE prône plus de flexibilité

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) vient de confirmer une approche libérale de la politique économique. Dans une étude intitulée "Réformes économiques : objectif croissance", l'OCDE pointe les facteurs de la prospérité : le coût du travail, le niveau d'instruction et "les formalités administratives applicables aux créations d'entreprises et à l'investissement direct étranger". "La France, estime Jean-Philippe Cotis, économiste en chef, fait preuve d'immobilisme en matière de réformes du marché du travail", indiquant que "le coeur du problème n'a pas été abordé de front par des réformes d'envergure." L'OCDE dénonce les dispositifs de préretraites et l'âge de départ en retraite, recommande de "supprimer progressivement les régimes spéciaux de retraite anticipée" et "d'accroître les possibilités de formation en cours d'emploi au-dessous du salaire minimum" pour favoriser l'emploi des jeunes et des non-qualifiés. Mais il dénonce également la législation de la protection de l'emploi, estimant que les restrictions - temps de travail, recours aux CDD, taux de compensation -"gonflent à la fois les coûts de main-d'oeuvre et les coûts de licenciement", et prône un assouplissement des procédures. Pour l'OCDE, "il faut limiter le rôle du système judiciaire aux cas les plus épineux", "assouplir" les règles destinées à limiter le recours au CDD et "modifier" les dispositions relatives aux plans sociaux. Beaucoup de mesures qui favorisent l'insécurité et l'instabilité de l'emploi.