Points de vue sur l'actualité

La syndicalisation des cadres

Le chiffre issu de la dernière étude du ministère de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion Sociale sur la syndicalisation en France ne manquera pas de surprendre. En effet, pour ceux pouvant percevoir les cadres comme opposés à toute forme de syndicalisation ou pire comme les adversaires naturels des organisations syndicales, force est de constater que le cliché est des plus obsolètes. En effet, selon cette étude, le taux de syndicalisation des cadres dans le secteur privé s'élève à 7,5% ce qui les placent largement en tête vis-à-vis des autres catégories de salariés (5% dans le secteur privé).

Certes, à l'heure actuelle, les cadres se contentent le plus souvent de n'être que de simples adhérents, laissant occuper les postes à responsabilité aux militants issus de la base salariale. Mais à terme, cette catégorie particulière de salarié est amenée à apporter sa compétence différente dans la définition des stratégies syndicales afin de renforcer les équipes de négociation. Cette alliance ne pouvant que renforcer le poids du salariat dans le dialogue social mené avec le patronat et les pouvoirs publics.

N'oublions pas qu'un cadre, malgré certaines spécificités liées à ses attributions particulières, n'en reste pas moins un salarié dont la relation de travail, tout comme chaque salarié du secteur privé, est encadrée par le code du Travail. Et cette base commune constitue une formidable opportunité de ralliement entre cadres et salariés de droit commun. Sans vouloir extrapoler, le taux de syndicalisation des cadres témoigne d'une certaine mutation dans le paysage des relations sociales : il marque le comblement progressif du fossé qui les séparait hier des autres salariés. Le cadre n'est plus I' "allié" naturel de l'employeur, ce qui paraissait aller de soi auparavant. Lui aussi aspire à réduire son temps de travail, à pouvoir bénéficier d'avantages et de droits en contrepartie de son investissement au sein de l'entreprise.

Preuve en est, l'ensemble des cadres était amené à participer massivement aux manifestations intersyndicales contre la remise en cause des 35 heures organisées le 5 février 2005, et ce, aux côtés des salariés du droit privé et public. Ils le seront également pour les prochains mouvements sociaux.

Consciente de cette mutation du statut du cadre, l'Ugica-CFTC a décidé d'élaborer une "Charte de l'encadrement", laquelle sera publiée dans son intégralité lors du prochain numéro de "Cadres CFTC" à paraître au cours du premier trimestre 2005. Cette charte est destinée à encadrer la relation contractuelle cadre/employeur en mettant en évidence la réciprocité des droits et des devoirs (la liberté impliquant la responsabilité) des cadres. Contact : Simon Denis, Ugica-CFTC au 01 44 52 49 82 ou ugica@cftc.fr