Points de vue sur l'actualité

Taxation mondiale : la CFTC appelle au passage à l'acte

Au Forum économique mondial de Davos, le Président Jacques Chirac a plaidé pour un prélèvement obligatoire ou volontaire, afin de recueillir 50 milliards de dollars par an et réduire de moitié l'extrême pauvreté dans le monde d'ici à 2015. Parmi ses suggestions, le prélèvement "au maximum d'un dix millième" des transactions quotidiennes de 3 000 milliards de dollars, c'est-à-dire "une contribution sur les transactions financières internationales" pouvant rapporter 10 milliards de dollars par an. Le président de la République pencherait également vers "une contribution sur le carburant utilisé par le transport aérien et maritime", pouvant rapporter plusieurs milliards de dollars, ainsi que vers "un faible prélèvement", par exemple d'un dollar, "sur les trois milliards de billets d'avion vendus chaque année dans le monde", afin de financer la lutte contre le sida.

Suggérant également "de susciter en plus grand nombre des contributions volontaires pour le développement" par le biais d'incitations fiscales encourageant les dons privés, Jacques Chirac a enfin appelé à "combiner les approches", invitant les pays riches à consacrer 0,7 % de leur PIB d'ici à 2015 à l'aide publique au développement.

Ces propositions ont résonné jusqu'à Porto Alegre, où elles ont été applaudies, en espérant qu'elles seraient suivies d'actes.

Depuis le congrès de Nantes en 1996, la CFTC s'est prononcée en faveur d'une taxation mondiale du type taxe Tobin. Elle avait présenté déjà officiellement une proposition concrète au ministre de l'Economie (à l'époque Michel Sapin), il y a quelques années.

La CFTC prône une taxation différenciée entre les placements spéculatifs (de courte durée) et ceux qui irriguent les fonds propres des entreprises, permettant d'assurer l'emploi et le développement (placements de moyenne et longue durée). De plus, pour être véritablement efficace, une taxation au niveau mondial ne peut se faire sans une régulation organisée et contrôlée des flux financiers, et donc par une vraie lutte contre les paradis fiscaux et les centres de blanchiment (près de 50% de ces paradis sont sous pavillon européen, notamment britannique). Après le temps des annonces, doit maintenant venir celui du passage aux actes.