Points de vue sur l'actualité

Assurance-maladie : un chantier à haut risque

La réforme de l'assurance maladie ne peut réussir que si elle repose sur l'exercice de la responsabilité de tous, y compris et en premier lieu, celle des médecins.

Où en est-on de la réforme de l'assurance-maladie ? La CFTC s'était engagée dans une démarche responsable et pragmatique, consciente qu'au fil des années, la gestion de ce bel outil de solidarité qu'est l'assurance-maladie, avait dérivé pour devenir incontrôlable. D'un côté, certaines catégories d'acteurs de la santé - médecins, laboratoires pharmaceutiques, assureurs - ont su se créer de belles marges bénéficiaires. De l'autre, les assurés sociaux, ne sachant plus depuis longtemps ce que coûtaient réellement les soins, s'égaraient dans le labyrinthe de notre système de soins. La CFTC avait défendu l'idée d'un parcours de soins coordonné, elle appuyait également l'instauration du médecin traitant. Mais depuis la nouvelle convention médicale, on se rend compte que nos inquiétudes sur le risque d'une mise en place d'une médecine à deux vitesses, nourries alors par la contribution d'un euro par consultation, sont aujourd'hui encore plus fondées. Si les patients ont accepté de faire les efforts qui leur ont été imposés, certaines catégories de médecins ont très vite montré qu'ils entendaient bien continuer à tirer parti du système, en négociant l'augmentation de leurs honoraires pour les patients qu'ils recevraient en "accès direct". Or, la réforme de l'assurance maladie ne peut réussir que si elle repose sur l'exercice de la responsabilité de tous, y compris et en premier lieu celle des médecins. La CFTC n'acceptera pas que certains patients puissent être privilégiés par rapport à d'autres. L'accès égal aux soins est un droit fondateur de l'assurance-maladie qui ne saurait être remis en cause.

Si la réforme conduisait ainsi à faire la part belle à la France d'en haut contre la France d'en bas, il nous appartiendra de prendre toutes nos responsabilités dans les divers organismes paritaires où nous siégeons.