Points de vue sur l'actualité

Les délocalisations : un phénomène limité ?

Le Conseil d'Analyse Économique (CAE) définit une délocalisation comme "la fermeture d'une unité de production en France, suivie de sa réouverture à l'étranger, en vue de réimporter sur le territoire national les biens produits à moindre coût, et/ou de continuer à fournir les marchés d'exportation à partir de cette nouvelle implantation".

Dans un rapport rendu le 18 novembre 2004, le CAE constate que "la contribution de la concurrence du Sud, avec les délocalisations qu'elle implique, à la désindustrialisation en France est jusqu'ici restée limitée. On peut la chiffrer à 10% au maximum sur la période 1970-2002. [...] L'impact des échanges internationaux sur l'emploi est donc minime en regard de l'impact des politiques macro-économiques et de la réponse des marchés du travail.[...] Si de mauvaises performances sont obtenues en Europe en matière d'emploi, la globalisation n'est donc pas la première en cause. En termes plus directs, nos amis chinois peuvent difficilement être tenus pour responsables de l'imbroglio macroéconomique dans lequel se sont enfermées les (grandes) économies de la zone euro : la responsabilité de l'insuffisance de la demande ou de l'investissement incombe essentiellement aux politiques économiques internes. Le retard pris dans les réformes structurelles n'est pas non plus attribuable aux tee-shirts arrivant par conteneurs".

Une accélération depuis la fin des années 80Pour le CAE, "les difficultés sont devant nous", notamment lorsque la Chine aura doublé sa taille économique... dans moins de dix ans : "on note une accélération du phénomène depuis la fin des années 1980, annonçant un impact plus important à l'avenir". En 2004, les équipes CFTC, avec l'appui de leurs Unions Départementales et des Fédérations concernées, se sont mobilisées. Exemples :

Philipps (Meurthe-et-Moselle) : 98 emplois menacés vers la Pologne et le Mexique. Ronal (Moselle) : 163 emplois menacés dans l'automobile vers la Pologne, ainsi que chez Valeo (Haute-Vienne) : 20 emplois menacés. Même constat dans l'électronique, chez STMicroelectronics (Ille-et-Vilaine) : 429 emplois menacés vers Singapour, Thomson (Côte d'Or) : 200 emplois menacés vers la Chine.