Points de vue sur l'actualité

Salaires et temps de travail : pourquoi la CFTC se mobilise le 5 février

(Argumentaire envoyé à toutes les structures par courriel, le 21 janvier dernier, et téléchargeable sur le site confédéral www.cftc.fr dans l'espace adhérents).

Les assouplissements accordés aux entreprises concernant le temps de travail peuvent sembler de portée limitée (ils ne s'appliqueront qu'à ceux qui auront négocié un nouvel accord d'entreprise ou de branche).

Et les salariés peuvent y voir un avantage : gagner plus. Et pour cela, ils sont prêts à travailler plus.

La CFTC comprend cette volonté des salariés mais souhaite mettre en avant que ce n'est pas via les heures supplémentaires que le pouvoir d'achat sera rehaussé, mais au contraire en accordant un "juste salaire".

En réalité, le gouvernement semble redécouvrir à sa manière les vertus du pouvoir d'achat. En poussant à davantage d'heures supplémentaires, ne cherche-t-il pas à geler les négociations salariales et à freiner les salaires ? Or, ce qui est en question, c'est l'ouverture du temps de travail des salariés jusqu'aux limites maximum légales, le caractère illusoire du libre choix des salariés face à ces évolutions, pour aboutir en définitive à une dégradation de leurs conditions de travail et leur temps de vie.

C'est pourquoi la CFTC est engagée dans la mobilisation du 5 février prochain.

La question du pouvoir d'achat manipulée

Cela fait des années que les gouvernements successifs, en accord avec le patronat, maintiennent une modération salariale particulièrement sévère, au nom de la compétitivité et de l'emploi. Mais les vaches maigres ne sont pas pour tout le monde. Pendant ce temps, les actionnaires engrangent dans certaines grandes entreprises la moitié des bénéfices, qui ne profitent ni aux salariés ni même à la pérennité de l'entreprise (investissements, innovation...). En moyenne, les dividendes ont progressé de près de 140% sur la période 1996-2002. Autre chiffre : selon une enquête récente, les rémunérations des dirigeants d'entreprise ont augmenté de 4 % l'an passé. Selon l'Insee, 40% des salariés du secteur concurrentiel n'ont jamais d'augmentation !

Mais les salariés et le travail, eux, sont toujours trop chers. En même temps, le gouvernement est en train de découvrir les méfaits économiques de cette situation (les entreprises ne peuvent pas écouler ce que les salariés ne peuvent pas acheter...). Mais au lieu de jouer son rôle d'incitation auprès des entreprises, il préfère jouer sur les "heures sup'" pour suppléer à la reconnaissance du travail par le juste salaire qui n'a plus cours. Pour la CFTC, ce n'est pas avec des "heures sup'" que l'on bâtit le juste salaire. Rien ne doit remplacer une juste politique salariale. En restant fermes sur ce point, nous contraindrons les pouvoirs publics et les entreprises à remédier à une situation qui ne peut plus durer. Les salariés français ne sont pas trop chers. Pour preuve les entreprises qui choisissent de s'installer en France. Il s'agit de reconnaître l'apport en richesse de leur force de travail, leur technicité, leur soin. Il faut voir au-delà de l'affichage : c'est le libre choix du temps de travail qui est en question La CFTC dénonce une évolution qui, non seulement, remet en cause la durée légale du travail mais qui peut s'avérer, dans bien des cas, aller beaucoup plus loin que la situation antérieure. Désormais, les salariés seront libres à partir de la 48ème heure. Il ne faut pas oublier que les 35 heures ont quand même permis d'instituer le CET, l'ARTT et sa capitalisation.

Qu'adviendrait-il si la durée légale du travail devenait insidieusement virtuelle ? Au-delà de cette situation, l'affirmation du libre choix du salarié est un leurre : le rapport de force est toujours en faveur de l'employeur. Le salarié ne choisira pas son temps de travail. Qu'il s'agisse de l'instauration du compte épargne temps, ou du contingent des heures supplémentaires, tout est laissé au pouvoir discrétionnaire du patron. Il n'y a jamais eu d'équilibre de la négociation entre employeur et salarié et il n'y en aura pas davantage, dans les grands groupes et plus encore dans les PME dépourvues d'organisations syndicales. La CFTC n'est pas pour autant opposée à tout assouplissement concernant la durée du travail car elle comprend que localement, des adaptations peuvent être souhaitables. Le dispositif Fillon permettait déjà de travailler au-delà des 35 heures via un accord de branche. Mais La CFTC dénonce une loi qui permettra de négocier directement dans l'entreprise en faisant sauter le verrou de la branche. L'encadrement du dispositif sera désormais inexistant.