Points de vue sur l'actualité

Une France qui rit, une France qui pleure

Ce n'est pas en mettant à mal les conditions de travail des salariés et leur pouvoir d'achat que l'on fera de la France ce pays d'avenir dont l'A 380 se veut le symbole.

Il y a ceux qui gagnent et ceux qui pleurent. D'un côté, les salariés d'Airbus ont eu la fierté d'assister, en compagnie de plusieurs centaines de personnes dont le chef de l'Etat, à la présentation de l'A 380, symbole du savoir-faire des salariés français et des acquis technologiques de notre pays. De l'autre côté, il y a des postiers qui n'en peuvent plus face à des conditions de travail de plus en plus difficiles, des cheminots qui s'inquiètent de leur avenir, des enseignants, des infirmières scolaires qui n'ont d'autre moyen que la grève pour dénoncer le manque de personnels, l'absence de reconnaissance. Il y a en tout cas une chose dont les uns et les autres sont sûrement persuadés. Ce n'est pas en mettant à mal les conditions de travail des salariés et leur pouvoir d'achat que l'on fera de la France ce pays d'avenir dont l'A380 se veut le symbole. Mais c'est en faisant confiance aux salariés, en les impliquant dans la marche de l'entreprise, en reconnaissant l'apport de leur travail, que l'on fera gagner la France. S'ils faisaient cela, beaucoup d'entrepreneurs redécouvriraient peut-être eux-mêmes l'urgence de doter l'entreprise de vrais projets de développement, de reconduire des investissements productifs trop longtemps négligés. Peut-être redécouvriraient-ils, comme le fait Jean-Louis Beffa dans un rapport remis récemment au Président de la République, les vertus d'une politique industrielle audacieuse que nous, syndicalistes, demandons depuis longtemps. Si les entrepreneurs qui vont élire à la fin de l'année un nouveau président du Medef faisaient cela, peut-être n'y aurait-il plus alors qu'une seule France : la France qui gagne.