Points de vue sur l'actualité

Lorsque la pauvreté gangrène la vie sociale

Certains débats périphériques à la loi de cohésion sociale (RMA, Cirma) pouvaient laisser croire que la pauvreté dans notre pays était consécutive à une paresse chronique et que la responsabilité de son état incombait à l'individu en situation de pauvreté. Le rapport remis le 16 novembre dernier par le Secours Catholique au Premier ministre met à jour une toute autre réalité. Si quelques marginaux abusent du système, la majorité des personnes en situation de pauvreté sont avant tout victimes d'un contexte économique et social.

La CFTC refuse de rentrer dans une stérile querelle de chiffres. Elle considère qu'il est temps pour l'ensemble des acteurs, comme les membres du Conseil économique et social l'avaient préconisé dans leur rapport sur "L'accès de tous aux droits de tous", de se réunir pour élaborer un réel plan de bataille. Les travaux menés dans le cadre de la Conférence nationale contre les Exclusions et pour l'Insertion peuvent servir de base à un "nouveau Grenelle contre la Pauvreté." La CFTC rappelle que la lutte contre la pauvreté passe par l'accès à une éducation de qualité et à la formation professionnelle pour tous. L'objectif doit être de construire un statut du travailleur qui garantisse l'accès aux droits fondamentaux (éducation, santé, revenu...) à tout citoyen notamment l'accès à un emploi lui permettant de vivre et de faire vivre sa famille décemment.

L'accès au logement de tous doit s'accompagner de politiques volontaristes garantissant notamment des loyers accessibles aux ménages les plus modestes dans le parc HLM. Les mesures doivent être amplifiées pour garantir le maintien d'une mixité sociale sur l'ensemble des territoires de la République. Les familles, dans la diversité de leurs configurations, sont particulièrement touchées par ce fléau et doivent bénéficier d'une attention particulière notamment à l'égard des femmes et des enfants. Sans ce regain de vigilance, nous risquons de voir ressurgir les bidonvilles des années 50 et croître un sentiment légitime d'injustice au sein des populations les plus précarisées. Enfin, n'oublions pas que la pauvreté peu à peu gangrène et met en danger la démocratie.