Points de vue sur l'actualité

1964 – 2004 Le syndicalisme chrétien continu

Quand à partir du 8 novembre 1964 des courageux décidèrent de continuer le syndicalisme chrétien beaucoup d'observateurs de la vie sociale ne donnaient pas chèr de la peau de la CFTC. Quarante années se sont écoulées et le syndicalisme chrétien est toujours vivant et marque toujours de son empreinte la vie sociale.

En 1964, la CFTC était atteinte par la dérive marxiste du matérialisme dialectique. Depuis, le mur de Berlin est tombé, le marxisme a montré ces limites et mêmes ceux qui ont tenté de rayer de la carte syndicale le syndicalisme chrétien reconnaissent leur erreur et tournent la page. En 2004 la situation sociale et économique est toute différente, mais les démocraties sont fragiles et attrapent tous les virus qui traînent. Celui de l'argent n'est pas nouveau, mais il n'a jamais été aussi virulent que depuis quelques années.

La vie publique de pays voisins est touchée et la France a toujours autant de difficultés à se soigner. Les risques pour la vie démocratique ne sont pas minces et risquent d'entraîner chez les citoyens un dégoût de la vie publique ce qui est favorable à la résurrection des courants autoritaires et nationalistes.

Plus largement, tous les scandales qui touchent la vie publique, et les syndicats n'échappent pas à cette dérive, posent la question du financement des structures de représentation. Moins il y a de militants, plus l'activité des structures de représentation est coûteuse.

A l'époque du tout communication, les relais humains étant défaillants, pour se faire connaître, on leur substitue des investissements massifs dans des supports de communication. La mise en scène devient ruineuse financièrement les expédients sont de mises pour trouver les moyens de faire face aux dépenses d'investissement dans “l'image” qui se substitue au débat d'idées. Le débat se réduisant à des « réponses », sortes de réflexes conditionnés pavloviens, qui n'ont rien à voir avec les enjeux.

La CFTC n'est pas à l'abri d'une telle dérive. Le meilleur moyen de se prémunir de ce virus et de faire en sorte que le syndicalisme chrétien continu de creuser son sillon et de tourner le dos à la tentation de participer à une sorte d' « establishment” syndical » loin des préoccupations des salariés, forme modernisée du « centralisme démocratique ». De continuer de mettre au cœur de nos préoccupations la personne humaine dans son intégrité avec pour priorité les démunis et les exclus.

Ceci est, peut-être, moins exaltant pour l'imagination, moins propre à soulever les passions, moins conforme à l'appétit de violence verbale et de simplisme qui sévit dans tous les milieux, mais combien plus humain.