Points de vue sur l'actualité

Travailler ne protège plus de l'exclusion

Travailler mais vivre au-dessous du seuil de pauvreté est une réalité de plus en plus fréquente en France, affirme le Secours catholique dans son rapport annuel remis le 16 novembre à Jean-Pierre Raffarin et qui porte sur plus d'un million et demi de personnes accueillies en 2003 dont près de la moitié sont des enfants. "Nous rencontrons une part croissante de personnes qui travaillent mais n'échappent pas à la spirale de l'exclusion", indique le rapport. Ainsi, les personnes accueillies et qui ont un emploi ont-elles, en moyenne, un niveau de vie de 540 euros, montant inférieur au seuil de pauvreté de 602 euros par mois calculé par l'Insee.

En outre, le travail précaire, qui est le lot de 74% des personnes accueillies, contre 25% en moyenne nationale, tend à appauvrir. Ces "sous-contrats", affirme Gilbert Lagouanelle, responsable de l'enquête, entraînent "une vie en pointillés" : sans contrat fixe, il n'y a pas de logement possible, ni d'accès aux prêts bancaires, et les personnes "s'enferment dans la pauvreté." "Les écarts ne cessent de s'accroître entre les plus aisés et les pauvres en France, poursuit Gilbert Lagouanelle, sur le plan des ressources, de la formation, mais aussi sur le plan géographique puisque la hausse spéculative du foncier expulse" les plus pauvres toujours plus loin des centre-villes, et donc de l'activité.

Autre chiffre significatif : le taux de chômage des personnes accueillies est passé de 58,6% en 2001 à 66,5% en 2003, alors que le taux de chômage a augmenté d'1% en France pour la même période. Et la proportion de chômeurs non indemnisés a augmenté de 10%, alors qu'elle a diminué du même pourcentage au niveau national.