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Fonction publique : où en est le dialogue social maximum ?

Le scénario du report aux calendes grecques a jusqu'ici bien fonctionné, mais il ne marchera plus longtemps.

Il existe, semble-t-il, un scénario implicite pour les négociations salariales dans la fonction publique. Mais c'est un mauvais scénario dans lequel il s'agit moins pour les ministres en place de donner réponse aux légitimes revendications des fonctionnaires, que de gagner du temps en jouant la montre. C'est toujours quelques économies en plus, et pour un gouvernement qui gère aussi mal sa masse salariale, c'est autant de gagné.

Les faits sont pourtant clairs : les fonctionnaires ont perdu 5% de pouvoir d'achat depuis 2000 et l'évolution comparée des salaires moyens entre fonction publique et secteur privé, montre une disparité qui s'accroît au profit du privé. En 2003, après deux années de vaches maigres, l'Etat n'a rien lâché, et en 2004, il a accordé un petit 0,5% d'augmentation début janvier. Le scénario du report aux calendes grecques a jusqu'ici bien fonctionné, mais il ne marchera plus longtemps. Certes, comme le souligne le ministre, la masse salariale progresse sous l'effet de mesures catégorielles, promotions et mesures d'ancienneté, mais l'inflation annule une bonne partie des hausses et surtout, elle ne touche pas une grande partie des fonctionnaires. Dans le contexte morose qui est le leur - non remplacement des départs à la retraite, baisse du niveau des pensions - il est prévisible que les fonctionnaires n'accepteront pas une nouvelle année de disette.

Renaud Dutreil doit le comprendre d'ici à la prochaine réunion, prévue le 23 novembre. Ses propositions devraient notamment concerner une revalorisation du minimum de rémunération, qui se situe actuellement au niveau du Smic 35 heures dans le privé. C'est vraiment le moins qu'il puisse faire !