Points de vue sur l'actualité

Délocalisations : la fiscalité française n'est pas en cause

Jean-Louis Borloo, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Cohésion Sociale, lancera dans les jours qui viennent une étude sur ses causes micro-économiques des délocalisations. Les nouveaux pays européens offrent des opportunités pour les entreprises françaises. L'analyse coûts - avantages des délocalisations (niveaux des salaires, taux d'imposition des entreprises, qualification de la main d'œuvre) ne plaide a priori pas pour la France. Avec un coût horaire moyen de 21,7 euros, la France se situe certes sous la moyenne européenne avant élargissement (22,21 euros dans l'Union européenne des Quinze), mais largement au-dessus du coût dans les nouveaux pays, qui va de 8,98 euros en Slovénie à 2,71 en Lituanie, selon une étude Eurostat. Mais rappelons que la productivité française est parmi les meilleures européennes : pour un niveau 100 dans l'Europe des Quinze, la France est au niveau 115 et l'Europe des Vingt-cinq à 93. Le taux d'imposition des entreprises françaises est lui proportionnellement élevé (33% contre moins de 20% dans tous les pays entrants). Mais la Cour des Comptes, dans son rapport annuel, vient de souligner que le poids des impôts n'est pas si éloigné de celui des autres pays et surtout qu'il ne joue qu'un rôle marginal dans les délocalisations. Celle-ci indique que l'écart de fiscalité entre la France et les autres pays comparables "n'est pas suffisamment significatif "pour que l'on puisse conclure à un handicap avéré". Enfin, le rapport met à mal une autre idée souvent évoquée dans les milieux économiques, qui réclament une baisse de la fiscalité des entreprises en invoquant la menace des délocalisations. La Cour des Comptes souligne au contraire que la localisation des activités et des emplois mobiles" reste "bien davantage déterminée par l'environnement géographique, la qualité des infrastructures et le coût du travail".