Points de vue sur l'actualité

Délocalisations ou déchirures ?

Chaque délocalisation provoque de vraies déchirures dont l'emploi local, bien souvent, ne se remet pas. Une restructuration réussie, cela n'existe presque jamais.

Les ministres de l'Économie et du Travail, rivalisent d'initiatives ces jours-ci pour mieux comprendre et combattre le fléau des délocalisations. On apprend ainsi que la France reste un pays qui attire davantage les capitaux étrangers qu'il n'investit ailleurs, ce qui, au passage, remet en cause toutes les théories catastrophistes sur le manque d'attractivité de la France. Ne serait-ce pas parce que les salariés français sont performants, les territoires français, le système de protection social et les services publics français, attirants ?

Pour autant, vous le savez bien dans vos bassins d'emplois, chaque délocalisation provoque de vraies déchirures dont l'emploi local, bien souvent, ne se remet pas. Une restructuration réussie, cela n'existe presque jamais. Si, dans le meilleur des cas, les salariés licenciés sont reclassés, ce sera bien souvent avec un salaire inférieur, et en perdant les primes d'ancienneté et autres bonifications auxquelles ils avaient droit. Le plus souvent, ils n'ont pas bénéficié d'une formation suffisante pour rebondir. Dans les pays émergents, ce n'est pas beaucoup plus juste : l'employeur qui délocalise en profite bien souvent pour nier le droit du travail le plus élémentaire. Dans notre pays, le combat de la CFTC passera par la mise en place d'une vraie formation tout au long de la vie et de moyens performants mis à la disposition du reclassement des salariés, en sorte que les salariés concernés passent très rapidement d'une entreprise qui ferme à une autre qui ouvre. Ce n'est que de cette manière que les salariés de notre pays accepteront de "partager" leur emploi au bénéfice de ceux des pays émergents, alors qu'ils ne verront jamais l'intérêt de partager leur pauvreté.