Points de vue sur l'actualité

Ronal : sans états d'âmes

Le scénario est bien ficelé, et l'intrigue tristement captivante.

Contexte de l'histoire : le directeur de Ronal France, entreprise implantée à Saint-Avold, en Moselle, fabriquant des jantes automobiles et filiale d'un groupe allemand basé en suisse, veut délocaliser en Pologne, pour abaisser ses coûts de production. Jusque-là, du vu et revu. Mais Ronal va plus loin : il veut parvenir à ce résultat, sans plan social, donc sans que cela lui coûte. Il va donc créer ses entreprises en Pologne, en secret, puis il va chercher le dépôt de bilan. L'action commence alors.

"En juin 2003, notre direction prétexte une baisse de commandes et met les salariés en chômage partiel à 25% puis à 50%, souligne Laurent Stremler, délégué syndical CFTC de Ronal France. Le 10 mai dernier, la direction du groupe ordonne le déménagement de quarante moules de l'usine. Craignant pour la fin de notre usine, nous nous y sommes opposés et avons séquestré les moules. Mais le 8 juin, l'entreprise se déclare en cessation de paiement au tribunal de commerce de Sarreguemines et nous accuse, syndicalistes, d'avoir accentué le déclin avec l'occupation de l'usine. C'est le moment où nous apprenons, abasourdis, l'existence de deux grosses usines Ronal en Pologne, qui produit les mêmes jantes que nous. Alors, en comité d'entreprise, nous avons décidé d'engager une action en justice, trouvant dans l'action une façon de décharger notre désarroi." Mais comment prouver l'escroquerie ? Et bien en allant réveiller les poubelles du directeur... "En effet, le directeur avait la manie - que nous remercions aujourd'hui ! - de griffonner, lorsqu'il était au téléphone. Il a donc noté en allemand toutes ses conversations avec les dirigeants du groupe, confirmant ainsi qu'il a provoqué un blocage de la production pour servir de prétexte à la cessation de paiements ! Nous avons donc été victimes de manigances destinées à éviter de payer un plan social ("Aujourd'hui, le dépôt de bilan semble avéré, et rien ne rendra leur emploi aux 170 salariés de Ronal France. Mais c'est un combat pour la dignité qui se poursuit devant les tribunaux pour essayer de faire éclater la tromperie. Et on se prend à rêver d'un dénouement de scénario où, pour une fois, le puissant ne gagnerait pas à la fin.