Points de vue sur l'actualité

Le régime d'assurance-chômage n'a pas les moyens de faire plus

Le 11 mai dernier, Michel Coquillion, répondait à la question du jour du quotidien La Croix : «Faut-il rouvrir des négociations avec les intermittents ?».

«La préoccupation du gouvernement, on le comprend, est de sauver coûte que coûte les festivals. Mais je ne vois pas très bien ce qu'il attend de nous, les partenaires sociaux.

(...) À mon sens, s'il s'agit de donner notre accord de principe à l'idée de la mise en place d'un fonds doté par l'État de vingt millions d'euros pour régler de manière provisoire certaines situations difficiles, nous sommes d'accord. Mais s'il s'agit de renégocier l'accord conclu en juin 2003, c'est autre chose. Un bilan d'étape de la nouvelle convention est prévu à la fin de l'année 2004. Il semblerait que certaines dispositions vont poser des problèmes notamment aux jeunes artistes. Nous sommes prêts à réexaminer certains points mais à l'échéance prévue. Si l'État nous imposait «sa» solution, même sous la contrainte des événements, nous irions vers une grave crise du paritarisme.

En l'état actuel des choses, le régime d'assurance chômage n'a pas les moyens défaire plus. Il est en quasi-faillite. Il doit déjà supporter le coût de la réintégration des chômeurs «recalculés» (deux milliards d'euros). En refusant une augmentation des cotisations patronales, le Gouvernement nous a mis le dos au mur. On ne peut indéfiniment aller au-delà des capacités de financement de l'Unedic. Nous avions proposé, il y a quelques semaines, de mettre à contribution les entreprises du spectacle, qui usent et abusent de la précarité dans ce secteur, pour mettre en place une caisse complémentaire. (...) C'est à la profession désormais de régler le problème et de moraliser ses pratiques. D'autant que, pour nous, il est impensable de renégocier la convention des intermittents sans s'interroger sur celle des autres salariés précaires. Nous ne pouvons accorder des avantages aux uns que nous refuserions aux autres. Par exemple, les intermittents demandent que les jours d'arrêts maladie et maternité soient pris en compte non seulement pour reculer la date de fin des droits, ce qui est actuellement le cas, mais aussi pour acquérir de nouveaux droits.

Les intérimaires, qui travaillent une demi-journée ou une journée par semaine, ne sont pas moins précaires (...) et peuvent y prétendre tout autant. Dans ce cas, c'est la totalité de la convention d'assurance chômage qu'il faudrait remettre à plat».

La CFTC préconise plus que jamais une négociation dans les branches concernées sur la définition des intermittents et le recours aux CDD d'usage (contrat d'intermittence). De grandes entreprises de l'audiovisuel et du spectacle augmentent, en effet, leurs profits en abusant de façon intolérable de la précarité.