Points de vue sur l'actualitéL'avenir de la Lorraine : une prise de conscience collective !Fin avril, la fermeture du dernier puits minier lorrain scelle le destin de toute une épopée. En Lorraine, elle rappelle l'urgence économique et sociale d'une région, qui, depuis plus de vingt-cinq ans, lutte pour ne pas basculer dans un déclin alourdi par un passé industriel et minier. La Lorraine, il faut y avoir vécu pour ne pas se laisser influencer par l'image qu'on lui prête. Mines fermées, espaces industriels sans vie, autant d'indicateurs synonymes d'abandon qui ont la vie dure ! Depuis plus de vingt ans, la région met en place, avec plus ou moins de succès, des accords, des contrats de plan.... «La Lorraine s'est diversifiée dans des secteurs tels que les cosmétiques et la transformation des métaux en Moselle-Est, offrant 16000emplois au secteur des mines. À l'époque, on disait qu'un emploi de mineur engendrait trois emplois de sous-traitance», explique Serge Brettar, ancien président du Syndicat CFTC des mineurs de Lorraine et actuel président de l'union régionale (UR) CFTC de Lorraine. Avec un déclin cumulé de l'emploi dans les secteurs du charbon, de la sidérurgie et du textile (Vosges), le handicap est lourd pour une région dont le taux de chômage atteint 9,4%. Lieu de passage et d'échanges au sein de l'espace communautaire, la Lorraine sait exploiter sa situation géographique. Ainsi se développent des sociétés de service et de logistique, des centres d'appels téléphoniques (six créations en 2000). Des sociétés étrangères investissent dans des filières comme l'automobile et ses dérivés. 451 sociétés (dont beaucoup d'origine allemande) se sont installées en Lorraine, attirées par des avantages fiscaux et immobiliers. Mais cette migration stagne. La fermeture de Daewoo en 2003 (perte de plus de 1 000 emplois) a constitué un signal d'alarme et cela a déclenché une réflexion sur la politique d'aide à l'implantation des sociétés. «Ce qui préserve actuellement l'emploi, en Lorraine, ce sont les entreprises étrangères et surtout les activités frontalières. Actuellement 80 000 salariés passent quotidiennement la frontière pour travailler, soit au Luxembourg (55000), soit en Allemagne (25 000). Les salaires, même pour les non-qualifiés, y sont bien plus attractifs », souligne Serge Brettar. Une situation économique qui ne serait pas dramatique si, au problème de l'emploi, ne s'était ajouté celui de la chute de la natalité. La Lorraine n'attire guère les jeunes, à tel point que les chefs d'entreprise s'interrogent sur leur succession. «Il faut investir dans la formation, surtout vis-à-vis des jeunes. Actuellement, ce qui manque, ce sont des petites entreprises dans les métiers de bouche et du bâtiment. Il y a aussi des pistes à développer vers le service aux personnes âgées, assure Serge Brettar, qui, au nom de la CFTC, va rencontrer Jean-Pierre Masseret, le nouveau président du conseil régional. Il faut que les Lorrains, à tous les niveaux, se mobilisent. Les syndicats ont leur rôle à jouer. C'est pourquoi nous travaillons sur des points comme la décentralisation, qui est certainement une chance pour la Lorraine grâce au développement des transports (TGV Est, TER, autoroutes...)», conclut-il. Autant d'enjeux pour la Lorraine, qui, pour beaucoup, ne pourront être atteints que grâce à une véritable politique de formation continue. |