Points de vue sur l'actualité

La CFTC et la «libération du travail»

Les partisans de l'allongement de la durée du travail s'expriment décidément beaucoup ces temps-ci. Qu'il s'agisse des 35 heures, de la suppression du lundi de Pentecôte ou tout récemment de l'ouverture des magasins le dimanche, c'est toujours la même idéologie qui, en définitive, ressurgit : travaillez plus et les entreprises françaises seront plus compétitives, donc créeront plus d'emplois. S'il est certain qu'il faut travailler pour produire de la richesse, il est beaucoup moins sûr que les richesses produites induisent toujours des créations d'emploi supplémentaires. On l'a bien vu avec la hausse des gains de productivité au cours des dernières années : l'essentiel a été distribué aux actionnaires bien plus qu'à l'entreprise et à l'emploi.

Des salariés de plus en plus précaires dans des entreprises de plus en plus riches, c'est ce vers quoi nous semblons nous diriger à grands pas. L'affaire du travail le dimanche mérite une mention particulière. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, a récemment souhaité assouplir la règle de la fermeture des commerces le dimanche, au motif de relancer la consommation des ménages et la croissance. Pour la CFTC, cette mesure n'est pas acceptable. Derrière les commerces ouverts le dimanche, il y a des salariés, et donc des familles. Le dimanche est le seul jour où tous les membres d'une même famille peuvent se retrouver. Si l'on accepte de faire des exceptions au repos dominical, on ouvre la boîte de Pandore. D'abord, on fera quelques exceptions dans le commerce, et puis, si l'on n'y fait pas attention, plus personne ne sera bientôt sûr de disposer de son dimanche. Les français ne s'y sont pas trompés. Une majorité d'entre eux (54%) se déclare opposée à l'ouverture des magasins le dimanche. C'est une bonne surprise pour la CFTC et cela nous encourage à continuer à tordre le cou aux théories fausses des partisans de la « libération du travail».