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Solymatic Valiance : Les actionnaires responsables de la défaillance d'une entreprise

Les actionnaires d'une entreprise qui dépose son bilan peuvent-ils être tenus responsables des conséquences de leurs actes ? Le cas Solymatic Valiance rappelle que la responsabilité sociale des entreprises ne consiste pas seulement à respecter les droits des salariés, mais également à donner des devoirs aux actionnaires.

Forte d'une croissance à deux chiffres jusqu'à fin 2001, Solymatic, branche de services en maintenance des systèmes bancaires du groupe Valiance, vient pourtant de déposer son bilan. Le rapport d'expertise comptable, établi fin 2003, montre que la rupture a eu lieu dès 2000. Or, cette date coïncide avec l'arrivée d'UBS (Union des banques suisses) comme principal actionnaire. «Jusque-là, Solymatic était le leader du marché de la maintenance. Le réseau interne de l'entreprise était très compétitif puisque nous étions présents dans presque toutes les villes de France. L'ensemble des banques constituait notre clientèle, et des partenariats forts nous permettaient d'être en mesure de réparer tous les systèmes grâce à une bonne formation. Aujourd'hui, les contrats avec les clients ne sont pas renouvelés car ils nous savent instables et de moins en moins formés. Et ce n'est pas la peine d'espérer gagner des appels d'offres :on essaie juste de sauver notre peau», explique Jean-Yves Plenet, délégué syndical central CFTC Solymatic Valiance.

La toute jeune section CFTC de Solymatic accuse UBS d'être responsable de la situation : «Lorsque la banque suisse est arrivée, elle a vendu à tout va et a restructuré sans aucune stratégie à long ou à moyen terme ! poursuit Jean-Yves Plenet. Ou plutôt si, elle avait sa propre stratégie et ses objectifs : vendre une à une les sociétés du groupe pour faire du profit à court-terme et du retour sur investissement. Elle voulait valoriser Valiance pour mieux la céder. De fait, elle n'a pas pris le temps d'analyser nos forces et a dilapidé l'entreprise. Et tout cela s'est fait de loin : UBS est un actionnaire invisible. Nous n'avons aucun contact direct puisque la gestion de l'entreprise a été déléguée à des intermédiaires (la société Avesta). La responsable du compte Valiance chez UBS n'a été vue qu'une fois en quatre ans !» La perte de chiffre d'affaires sur deux années consécutives n'a entraîné aucune réaction de la part d'UBS, si ce n'est des plans de restructuration à répétition. En 2003, quelque trois cents personnes étaient concernées. Et le 25 mars 2004, un nouveau plan prévoyait la suppression de quatre cent onze emplois administratifs et de cadres. Cet exemple pose la question de la responsabilité qu'a un actionnaire par rapport à une entreprise. Doit-il payer pour sa gestion désastreuse et son manque flagrant de préoccupation sociale ? C'est ce qu'entend faire valoir la CFTC Solymatic. «Maintenant que nous sommes dans cette situation, nous devons aller de l'avant et sauver les emplois des six cents salariés qui resteront sur les mille actuels, souligne Jean-Yves Plenet. Mais nous refusons que les personnes, victimes du comportement d'UBS, quittent leur emploi sans les avantages et les dédommagements qui leur reviennent. Nous voulons donc qu'UBS, responsable de ce dépôt de bilan, assume son laisser-aller, confirmé par les experts ! C'est pourquoi nous réclamons un véritable plan de sauvegarde de l'entreprise.» Le 6 mai dernier, les salariés manifestaient devant le siège d'UBS. Ils demandaient de l'argent de la part d'une entreprise «capable de dépenser trente millions d'euros dans ses publicités». Mais ils ne sont guère gourmands : seulement un tiers de ce budget parviendrait à sécuriser les personnes licenciées...