Points de vue sur l'actualité

Moderniser la fonction publique c'est moderniser le dialogue social

Il faut redonner à la fonction publique d'État un rôle d'ascenseur social, avoir une fonction publique plus représentative de la diversité sociale et assurer un déroulement de carrière motivant pour ses personnels.

Un constat

D'une part, la fonction publique d'État réalise, globalement, aujourd'hui 2/3 de ses recrutements en catégorie A, c'est-à-dire à un niveau de formation initiale égal ou supérieur à Bac +3 (le poids spécifique des enseignants explique en partie ce déséquilibre).

D'autre part, compte tenu du contexte de chômage élevé des jeunes, on assiste à une élévation du niveau de formation universitaire des candidats, y compris dans les catégories B et C. Les lauréats des concours externes sont pour plus de 70% titulaires d'un diplôme d'un niveau égal ou supérieur à Bac+3.

Or, si les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur sont souvent mieux préparés à réussir les concours, ils ne possèdent pas forcément les compétences professionnelles souhaitées. En outre, ils peuvent être mal à l'aise pour accomplir des tâches qui ne correspondent pas à leur niveau d'études.

Enfin, nous assistons à une reconstitution d'un stock d'emplois précaires dans certaines administrations, malgré la mise en œuvre du dispositif «Sapin».

Moderniser le recrutement

Diversifier les recrutements

  • développer les trois nouvelles voies de recrutement mis en place par la loi du 3 janvier 2001 : les 3ème concours, les concours sur titres et l'accès direct en échelle 2 ;
  • expérimenter des dispositifs de pré-recrutement.

Rendre attractifs les recrutements en cours de carrière

  • l'amélioration des modalités de prise en compte, pour le reclassement, des services antérieurs : services publics ou privés ;
  • l'ouverture, sous conditions de quotas, d'une possibilité de reclassement direct dans des grades d'avancement ;
  • la prise en compte de l'expérience professionnelle acquise dans le secteur privé pour l'avancement et l'accès aux emplois de débouché.

Favoriser le développement des concours nationaux à affectation régionale pour répondre aux difficultés de recrutement dans les régions les moins attractives.

Favoriser la déconcentration du recrutement pour certains corps dès que les conditions d'effectifs sont réunies.

Améliorer la promotion interne

Augmenter la part de la promotion interne dans l'ensemble du recrutement.

Augmenter la part consacrée à la promotion interne selon une nouvelle procédure.

Améliorer les procédures de promotion pour mieux vérifier les compétences professionnelles.

La CFTC demande de développer une nouvelle approche de la reconnaissance de la valeur professionnelle qui pourrait se décliner de manière adaptée à chaque grande catégorie de corps ou cadres d'emplois (administratifs, techniques...) et d'augmenter la proportion des recrutements ouverts à la promotion interne : au choix, par voie d'inscription sur une liste d'aptitude classique et selon une nouvelle procédure évaluant des compétences professionnelles spécifiées.

Ce dispositif n'intervenant que quand aucune nomination n'est possible au titre de la promotion par liste d'aptitude mais également lorsqu'elle se révèle plus favorable que le dispositif statutaire actuel.

La CFTC demande que le volume de promotions permis par les clauses de sauvegarde soit augmenté.

Promus/promouvables pour l'avancement de grade

Afin de permettre de régler le problème des avancements, des détachements dans les grades d'avancement et favoriser la mobilité, la CFTC est favorable à l'introduction d'un ratio promus/promouvables calé sur des temps moyens statutaires par grade.

Revoir la structure des corps

Au-delà de la mise en œuvre du ratio promus/promouvables, la question de la structure des corps ou cadres d'emplois conditionne le déroulement de carrière.

La CFTC demande d'aborder le dossier de la simplification de la structure des corps (restructuration des grades ou classes) parallèlement à la mise en place du ratio promus/promouvables et de reconsidérer à la fois la durée de la carrière au sein des grades et les techniques permettant d'assurer le choix des bénéficiaires de promotions.

Faciliter la mobilité

La mobilité, qu'elle soit fonctionnelle ou géographique, doit concourir à la motivation dans l'accomplissement des fonctions, permettre l'acquisition de nouvelles compétences, préserver et développer des qualités d'adaptation au changement.

Une meilleure articulation mobilité-carrière doit être recherchée, notamment pour les cadres.

Une attention particulière devra être recherchée pour favoriser les mobilités inter fonctions publiques.

Enfin, pour les agents, la prise en compte des conséquences financières de la mobilité suppose la mise en place de mesures d'accompagnement adaptées.

Pour cela, la CFTC demande :

  • une politique de fusion des corps afin d'élargir les assiettes de gestion des corps. Une première étape devrait concerner les corps d'administration générale ;
  • de lever les restrictions à l'intégration après détachement dans les statuts particuliers ; diminuer la durée séparant le détachement de l'intégration ;
  • la création d'une voie d'accès directe entre corps et cadres d'emploi du même niveau ;
  • d'assurer un meilleur suivi de la gestion des fonctionnaires pendant les périodes de mobilité, notamment lorsqu'ils sont en position de détachement ;
  • d'engager une politique de rééquilibrage des dotations indemnitaires par ministère.

Accompagnement social

La CFTC demande de réexaminer l'efficacité de l'ensemble des dispositifs actuels d'accompagnement: frais de changement de résidence, prime spéciale d'installation, aide à l'installation des personnels en cas de délocalisation, réservations de logement, l'instauration de cellules d'aide à la recherche d'emploi pour les conjoints...

L'impact des nouvelles technologies de l'information et de la communication

La CFTC demande :

  • que les agents soient associés à la mise en place des NTIC, dans le cadre d'une véritable concertation ;
  • que l'administration veille à éviter la «fracture numérique» liée à des niveaux de connaissance différents (risque d'une fonction publique «à deux vitesses» aboutissant à l'exclusion de fait des agents les moins aptes à utiliser les NTIC), ce qui nécessite notamment des formations appropriées ;
  • que soit assurée la protection de la vie privée au travail (notamment sur la base du secret des correspondances pour les fichiers personnels informatisés) ;
  • La création d'un corps interministériel d'informaticiens.

La CFTC souligne que, dans certains cas, les NTIC accroissent la pénibilité des conditions de travail.

Revivifier le dialogue social

La CFTC demande une réforme importante des CTP, avec des élections spécifiques, par services, associant l'ensemble des personnels titulaires et non-titulaires et la fin de la composition paritaire de ces organismes, ceux-ci n'ayant qu'un rôle consultatif.

La CFTC demande :

  • l'intervention du législateur, pour donner force juridique aux accords contractuels avec la mise en place de commissions de suivi avec les signataires aux niveaux pertinents ;
  • l'officialisation de l'extension du champ de la négociation à d'autres thèmes que les salaires ;
  • l'institution d'une obligation de négocier, annuelle sur les salaires, pluriannuelle sur les autres sujets ;
  • l'introduction d'un mécanisme de prévention des conflits.