Points de vue sur l'actualitéCarlton : sous les paillettesLes salariés de l'hôtel de grand standing, le Carlton, à Cannes, s'attaquent aux tabous : travailler dans le luxe n'est pas une sinécure. Le strass y cohabite avec le stress et l'épuisement. "Le secteur de l'hôtellerie et la restauration de luxe est en pleine précarisation et devient une zone de non-droit social, résume Franck Morain, délégué syndical CFTC du Carlton. La direction fait appel de façon abusive et systématique aux contrats CDD et notamment aux extras au détriment de professionnels expérimentés. Les abus sur le dépassement du temps de travail sont courants. Quant aux augmentations de salaires, elles se raréfient. Ces conditions rejaillissent assurément sur le service aux clients", Poussés à bout à l'approche du festival de Cannes, les salariés ont exploses le 13 mai en déclarant une grève illimitée. "Le bras-de-fer avec la direction n'est pas récent. Celle-ci refuse de nous écouter : elle promet depuis deux ans une participation au chiffre d'affaires. Nous attendons toujours. Lors de négociations, le 7 mai dernier, nous avions demandé qu'au moins une de nos trois revendications soit acceptée, à savoir : 5% d'augmentation de salaires annuelle, une prime paritaire annuelle de 1 500 euros ou des embauches concrètes du personnel. Le 10 mai, la direction nous accordait seulement 3% d'augmentation, sans négociation possible. C'était trop...", résume Franck Morin. Si le mouvement a été sans conséquences directes (le 19 mai, les salariés reprenaient le travail sans aucun accord trouvé avec la direction qui avait embauché des extras pour remplacer les grévistes...), la CFTC Carlton estime que c'est une victoire puisque derrière les paillettes, la misère des coulisses est mise en lumière. |