Points de vue sur l'actualité

AFPA : menace sur le service public

La régionalisation prévue par le Gouvernement, via sa loi sur la décentralisation, suscite bien des interrogations, notamment sur la valeur du service public et de sa "rentabilité". L'Afpa, Association pour la Formation Professionnelle des Adultes, gérant la formation de 70 000 personnes par an (90% de demandeurs d'emploi), voit aujourd'hui son avenir menacé. Son financement proviendra dorénavant des conseils régionaux, et plus directement de l'État. Les salariés de l'Afpa et les représentants CFTC craignent de fait une remise en question de l'égalité des chances. "Les personnes vivant dans une région riche auront accès à une formation riche.

Mais que vont devenir les régions enclavées, souvent les plus nécessiteuses en terme de formations, qui, faute de moyens ou de volonté du conseil régional, n'offriront qu'une formation de bas niveau ? Car si le volet formation ne fait pas partie des priorités, il sera dévalué. Le fait de fonctionner jadis en déconcentration, c'est-à-dire que le siège national recevait directement le financement puis le répartissait aux différentes structures régionales, était une garantie d'égalité des chances ", résume André Luciani, Président du Syndicat CFTC de l'Afpa. D'autres points font fulminer la CFTC Afpa : "La direction a pris le prétexte de cette décentralisation pour décider que l'Afpa coûtait trop cher et qu'elle devait procéder à des licenciements (suppression de 731 postes). Dans ces conditions, l'avenir de l'Afpa est incertain." A travers le cas Afpa, c'est le danger pesant sur le service public qui apparaît. Comme l'explique la CFTC Afpa : "notre vocation est de servir le public, et non de faire des résultats au sens d'une entreprise privée. Nous ne vendons rien : nous offrons une seconde chance à des non - qualifiés, pour leur permettre d'entrer dans la vie active. Nos résultats, ce sont 75% d'embauchés dans les six mois suivant la formation ! Ça n'est pas mesurable en terme de rentabilité !" Un comité d'entreprise extraordinaire devait avoir lieu le 28 avril, suite à une journée de mobilisation le 27.