Points de vue sur l'actualité

Les raisons de la colère

Un gouvernement responsable ne peut pas se contenter de plaider constamment non coupable, arguant de son impuissance.

Le scrutin du 28 mars a été une sanction sévère pour l'action menée par le Gouvernement ces deux dernières années. Mais pour les syndicalistes que nous sommes, la surprise n'aura pas été vraiment au rendez-vous. Autour de nous, cela fait un moment que les mauvaises nouvelles pleuvent : fermetures de sites, restructurations, plans sociaux... Dans le monde de l'argent roi, le cynisme est la règle et le travail humain, pour ne pas dire la vie humaine, comptent peu : une entreprise par ailleurs très prospère peut annoncer la fermeture d'un site le jour même où l'un de ses salariés, de désespoir, se suicide sur son lieu de travail. Face à cela, un gouvernement responsable ne peut pas se contenter de plaider constamment non coupable, arguant de son impuissance. Encore moins se donner pour unique consigne d'accomplir à la lettre le programme du Medef, au-delà même parfois des espérances de celui-ci. Pour gagner une échéance électorale, c'est un peu court car les salariés, par rapport aux patrons, ont au moins l'avantage du nombre. Les Français se sont donc exprimés clairement. Le Gouvernement montrera qu'il a entendu cette fois leur message en travaillant vraiment avec ceux qui les représentent, les partenaires sociaux, dans un esprit de dialogue et de construction sociale. Et ils verront qu'à cette condition, les réformes nécessaires sont également possibles, si l'on veut bien cesser de maquiller de ce nom le détricotage complet des acquis sociaux. Les Français se sont mobilisés pour cette élection. Il faut leur montrer qu'ils ne l'ont pas fait en vain.