Points de vue sur l'actualitéMutandis Consultants se penche sur les facteurs de stress des agents concernés par la décentralisationSpécialiste de la conduite du changement dans le cadre de réformes d'envergure, le cabinet Mutandis Consultants s'est occupé d'organiser le débat sur la gestion sociale de la décentralisation le 14 octobre au Palais du Luxembourg. Pour cela, il s'est appuyé sur une enquête réalisée auprès de services de l'État et de collectivités territoriales. Le cabinet Mutandis Consultants a cherché à comprendre les freins psychologiques, exprimés ou non, par les agents de l'État et ceux des collectivités dans le cadre de la décentralisation. Le spécialiste de la conduite du changement dans le cadre de grandes réformes a ainsi mené près de 80 entretiens avec des agents de l'Éducation Nationale, de l'Équipement et des collectivités pour recueillir leurs impressions. «Car il est nécessaire que ceux qui pilotent le changement puissent prendre en compte le processus de deuil des agents qui en découle Les personnes attende avant tout qu'on les écoute. Le travail d'information de dialogue doit donc être engagé dès maintenant sans d'attendre l'adoption des textes de loi. Les agents préfèrent une information partielle que rien du tout», analyse Pierre Winicki, le directeur de Mutandis Consultants. Le responsable constate d'ailleurs une différence de «maturité» entre les démarches de l'Éducation Nationale en retrait par rapport à celles du Ministère de l'Équipement. «On nous dit que rien ne changera, mais si rien ne doit changer, pourquoi changer ? On ne sait rien, on ne nous dit rien», s'interroge ainsi un agent d'établissement scolaire quelque peu dépité. «Ce témoignage est emblématique, estime Pierre Winicki. Le stade du «pourquoi on décentralise ?» se pose encore à l'Éducation Nationale. Cette question est moins aiguë dans les DDE. Cela tient notamment à l'historique du relationnel mieux établi avec les collectivités.» Que ce soit l'Équipement ou l'Éducation Nationale, la question de la privatisation par les conseils généraux revient fréquemment, notamment dans les services d'entretien des routes et du ménage ou de la restauration dans les collèges et lycées. «Le contexte politique des collectivités joue ici un rôle crucial. Ces agents entendent dire que le président du conseil général ou régional a délégué des services à une entreprise privée. Ils appréhendent, d'être à leur tour concernés» poursuit le consultant. Autre facteur de stress pour les agents de l'Éducation Nationale, la position de certains conseils généraux ou régionaux qui ont clairement affiché leur réticence à les intégrer. Se pose d'autre part la question pour les gestionnaires d'établissement de l'organisation hiérarchique et la répartition des rôles après la décentralisation. Seront-ils eux-mêmes concernés par une prochaine vague de transferts ? Pour les agents des deux ministères, la peur de n'avoir plus les mêmes possibilités de mobilité géographique les inquiète également. «Globalement, les agents de l'État sont dans l'attente d'une communication de leur administration dans un premier temps. Ensuite des collectivités qui vont les accueillir», souligne Pierre Winicki. |