Points de vue sur l'actualité

Flexibilité du travail et chômage

Alors que le Gouvernement soutient obstinément que le manque de souplesse sur le marché du travail est un des freins principaux aux performances de l'emploi en France, les experts semblent de plus en plus enclins à amender ce postulat. Ainsi, l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), qui mettait constamment en avant la flexibilité pour expliquer l'inégalité des taux de chômage des économies occidentales dans les années 1980 et 1990, a dû nuancer son discours et a même admis en 1999 que la rigueur de la réglementation n'est pas déterminante dans les écarts observés entre les taux de chômage des différents pays.

La flexibilité va en effet plus jouer sur le délai d'ajustement de l'emploi à la reprise de la croissance que sur les créations d'emploi. Les Etats-Unis, où le marché du travail est remarquablement flexible, bénéficient, actuellement, d'une reprise de la croissance exceptionnelle (8,4% au troisième trimestre 2003 et 5,7% escomptés en 2004) et on parle pourtant déjà d'une reprise sans emploi. Et, si les Etats-Unis apportaient, enfin, la preuve que flexibilité et croissance ne suffisent désormais plus à créer des emplois, peut-on espérer que le gouvernement français prendrait peut-être plus au sérieux les mises en garde de la CFTC quant aux dangers de désindustrialisation de l'économie française ?