Points de vue sur l'actualité

S'adapter pour mieux protéger les salariés

"Un accord national historique", "Une première dans l'histoire de l'entente entre représentants des salariés et patrons", "un texte exemplaire qui s'inscrit dans une démarche d'innovation sociale". Où un tel événement suscite-t-il autant d'enthousiasme, avec des qualificatifs surprenants en cette époque ? Bel et bien en France, puisque c'est la Vienne (86) qui rappelle qu'il est encore possible de négocier et d'obtenir des accords gagnants-gagnants, même au milieu de la vague ultra-libérale qui sévit. Au bout de deux années de débats et de rencontres, un accord relatif à la limitation du travail du dimanche dans le département a été signé le 6 novembre dernier entre les organisations patronales et syndicales. Porte-parole de l'intersyndicale, la CFTC, représentée par Eric Rogeon, Délégué Syndical CFTC chez Auchan, en a été l'initiatrice. "Quand on les interroge, les gens sont contents d'aller dans les magasins le dimanche, mais personne ne veut travailler ce jour-là, explique Pascal Chauvin, secrétaire général de l'UD CFTC. Alors nous avons décidé pour le respect des salariés d'aller de l'avant et de cadrer cette pratique." En aucun cas pourtant, cet accord ne ressemble à une reconnaissance du travail dominical. "Au contraire, insiste Pascal Chauvin, il s'agit d'une limitation, pas d'une légalisation. Louverture le dimanche doit rester exceptionnelle. Mais la réalité est là : travailler le dimanche se fait de plus en plus. La seule façon de protéger les salariés, c'était de négocier et d'obtenir la limitation du caractère dérogatoire de façon écrite." Dans la Vienne, dorénavant, les commerces pourront obtenir une dérogation trois dimanches par an (dont deux en décembre), avec majorations de salaires et repos compensateurs réellement assurés pour les salariés volontaires.