Points de vue sur l'actualité

Politique de l'habitat et logement des salariés : une liaison de plus en plus difficile

Vue de loin, la politique de l'habitat du Gouvernement actuel paraît intéressante et dynamique : loi Borloo du 1er août 2003, projet de loi "logement pour tous", sécurisation des "quartiers"... On pourrait s'estimer plutôt satisfait. De loin. Il suffit de lire la présentation du projet de loi de finances 2004 :

  • "Politique de la ville : Rendre plus attractifs les quartiers prioritaires. Habitat : Construction, réhabilitation, démolition de logement sociaux. Financement de structures passerelles (résidences sociales, foyers);
  • Cadre de vie : Requalification urbaine dans les Zones Urbaines Sensibles (Zus), prévention de la délinquance;
  • Programme national de rénovation urbaine : Ranimer le marché de l'offre de logements dans les ZUS."

En 2004, le budget de l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), créée cet été par Jean-Louis Borloo, proviendra du 1% Logement à hauteur de 550 millions d'euros, de l'Etat (465 millions), et des HLM (35 millions). Pour se faire une idée, le 1% Logement n'a consacré en 2003 que 400 millions d'euros aux prêts Accession à la propriété pour les salariés des entreprises cotisantes. L'Etat confirme ainsi son attention grandissante aux plus démunis, à travers une politique sociale parfois médiatique établie dans l'urgence. Il faut bien-sûr agir pour les quartiers difficiles et leurs populations, mais pas avec l'argent destiné aux salariés modestes ou moyens ! Avec ce détournement de la vocation du 1% Logement, les salariés devront s'orienter vers des ZUS ou se résigner à des logements loin de leur lieu de travail ou exigus, avec des prêts 1 % de plus en plus petits.