Points de vue sur l'actualité

La formation ouverte et à distance ne rencontre pas le succès attendu

La formation ouverte et à distance (Foad) se présente comme un dispositif souple de formation organisé en fonction des besoins individuels ou collectifs (entreprises, territoires). Elle comporte des apprentissages individualisés et l'accès à des ressources et compétences locales ou à distance (e-formation). Elle n'est pas exécutée nécessairement sous le contrôle permanent d'un formateur. La personne qui se connecte peut aller à son propre rythme, passer rapidement sur les modules qui ne l'intéressent pas ou qu'elle maîtrise déjà et approfondir ceux qui lui posent problème. Malgré ces avantages, les résultats restent décevants. Les premiers utilisateurs ont souvent déchanté et les chiffres d'affaires des entreprises spécialisées dans l'enseignement à distance sont dérisoires. Très loin, en tous cas, des prévisions affichées. La CFTC lui reproche notamment :

  • La faiblesse de l'offre : la Foad semble mieux adaptée aux formations liées à un métier. Or, ces métiers étant le plus souvent spécifiques aux entreprises, il est difficile de trouver des formations adaptées sur le marché. A défaut, les utilisateurs "bricolent" des cursus ou se tournent vers des formations qui ne correspondent pas vraiment à leurs besoins;
  • L'inadaptation des méthodes pédagogiques : la plupart du temps, les programmes utilisés sont des reprises de ce qui existait déjà sans prendre la peine d'y apporter la moindre évolution ou adaptation au milieu;
  • Le manque d'outils de gestion des formations : il ne suffit pas de dire que l'on va donner au salarié la possibilité d'organiser sa formation comme il l'entend, encore faut-il disposer des outils pour organiser et planifier les rendez-vous avec les formateurs.

Afin de redorer son blason, la Foad devrait se réorienter sur l'accompagnement des formations existantes (préparation, suivi, évaluation, accompagnement...) en attendant la mise au point de méthodes pédagogiques plus adaptées dont on voit à l'heure actuelle les prémices dans des projets qui associent tutorat, forums et bases de données documentaires.

A l'heure où les nouvelles technologies ne cessent de se développer, ce dispositif pourrait résoudre, en partie, le manque d'appétence pour la formation de certains salariés. Le passage des modules DP / CE, via la Foad, pourrait être envisageable, ainsi qu'un développement dans les PME / PMI et au sein de la fonction publique.

La CFTC ne souhaite pas que la Foad remplace toutes les autres formes de formation. Il faut la considérer comme un outil, parmi d'autres, dans une démarche de formation.

De plus, elle doit s'ouvrir à un public plus large (bas niveaux de qualification, handicapés, publics en situation précaire, femmes...) elle ne doit plus être l'exclusivité de certaines élites (niveaux IV, III et plus). Pour ce faire, il est indispensable d'adopter des pédagogies différentes en fonction des publics et des milieux géographiques.