Points de vue sur l'actualité

Cadres, vous avez dit responsables ?

Lors du XIémeCongrès de l'Ugica-CFTC, Alain Etchegoyen, commissaire au plan, a fait une intervention remarquée sur le rapport d'orientation "Axes forts pour un autre statut cadre". Il a livré quelques observations aux participants du congrès. Tout d'abord, il a insisté sur le fait que le cadre a une vie familiale. Il a rappelé que les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) peuvent largement favoriser une organisation différente du travail ménageant la vie privée.

Il a soulevé l'opposition existant entre les devoirs de l'encadrement et ceux des dirigeants qui, parfois, commettent des excès approuvés par tous. Il s'est rallié à la critique exprimée par l'Ugica-CFTC sur la notion même de ressources humaines. Pour lui, comme pour l'Ugica-CFTC, cette expression conduit à la matérialisation de l'homme au sens qu'il perd toute identification. Il a soutenu que les progrès de la communication, notamment avec l'intranet, conduisent souvent à une déshumanisation de l'entreprise.

Enfin, il a développé la notion de responsabilité, affirmant qu'elle va de pair avec le pouvoir. Selon Alain Etchegoyen, la responsabilité est proche de l'autonomie étant entendu qu'être responsable implique que l'individu ne puisse s'en prendre qu'à lui-même sauf si d'autres personnes sont les facteurs du dommage. A l'origine, la responsabilité ne pouvait être que juridique, aujourd'hui on parle plus de responsabilité morale. Néanmoins, cette notion n'est utilisée que lorsque la situation est négative. A aucun moment elle n'est envisagée de manière positive. De plus, une dérive est apparue : il existe même des cas de responsabilité sans faute, c'est donc devenu une responsabilité pour risque. De ce fait, certains cadres se refusent à avoir des responsabilités et se refusent même à agir pour ne pas en élargir le champ. Pour Alain Etchegoyen, il conviendrait de distinguer la responsabilité juridique de la responsabilité morale. Cette dernière est la volonté de répondre de ses actes devant les personnes concernées. Ici, la notion de devoir est proche. Sur certains aspects, la responsabilité enveloppe la notion de désobéissance à l'employeur, c'est le droit de retrait. Elle ne peut s'exercer que si le pouvoir existe et à condition que les deux soient clairement délimités. Seulement, l'usage récent de la responsabilité peut être lourd à porter et de là émergent de nouveaux problèmes tel le stress. Il ne faut néanmoins pas oublier, comme l'a dit Saint-Exupéry, qu'"il n'y a pas d'ascension sans pesanteur". Pour Jean-Louis Deroussen, président de l'Ugica-CFTC, "on ne doit pas avoir peur de la responsabilité. Elle ne doit pas être prétexte à ne pas s'engager".