Points de vue sur l'actualité

Halte au feu !

Supprimer les 35 heures ne créerait pas d'emplois et il est, en revanche, plus que probable que cela en supprimerait. Or, ce qui manque en ce moment, c'est bien le travail.

A quelques jours du difficile débat budgétaire qui s'ouvre au Parlement, la polémique sur la révision de la loi Aubry sur les 35 heures est tombée pour certains, avouons-le, à point nommé. Face à la pression exercée par Bruxelles, la remise en cause des 35 heures permet au Gouvernement de renvoyer sur les socialistes la responsabilité du déficit public. De là à dire que les 35 heures se sont révélées négatives pour la croissance et donc pour l'emploi, il n'y a qu'un pas, qu'il était tentant pour un gouvernement de franchir en période de quasi-récession et à quelques mois d'une prochaine échéance électorale.

A la CFTC, nous trouvons que les 35 heures sont un sujet trop grave, parce qu'il concerne les salariés, pour polémiquer dessus. Selon l'Insee, les 35 heures ont permis de créer 300 000 emplois entre 1997 et 2001. Il ne fait aucun doute que leur financement s'est révélé problématique et les partenaires sociaux ont d'ailleurs dénoncé, en son temps, le détournement des fonds de la Sécurité Sociale, qui a servi à pallier ces difficultés. Mais la CFTC, comme d'ailleurs la plupart des experts, récuse l'estimation à 15 milliards d'euros du coût des 35 heures qui a été avancée par le Ministre du Budget, Alain Lambert. Surtout, elle souligne, en s'appuyant sur diverses études, que cet argent a été réinjecté dans l'économie et s'est traduit par plus de consommation pour les ménages, plus d'investissement pour les entreprises et au final par des recettes fiscales supplémentaires pour l'État.

Pour la CFTC, là n'est pas de toute façon l'essentiel. Supprimer les 35 heures ne créerait pas d'emplois et il est, en revanche, plus que probable que cela en supprimerait. Or, ce qui manque en ce moment, c'est bien le travail. Tant que nous serons au niveau de chômage que nous connaissons actuellement, il serait irréaliste de vouloir faire travailler davantage ceux qui ont un emploi au détriment de ceux qui en attendent un.