Points de vue sur l'actualité

Coût du travail : les mythes ont la vie dure

Depuis une décennie, la classe politique, toutes sensibilités confondues, rivalise d'ardeur pour impulser une baisse drastique du coût du travail. Au nom de la lutte pour l'emploi - une lutte souvent instrumentalisée par les experts établis -, elle ne cesse, année après année, d'élargir les dispositifs d'exonération de cotisations patronales. Dans un numéro entièrement consacré à ce sujet explosif, Questions économiques et sociales, la revue du Bureau d'études de la CFTC, apporte la preuve que rien, en l'état actuel de la réflexion économique, ne permet de prouver qu'une politique de baisse des charges sociales débouche sur un dégel sensible du marché de l'emploi. Ce que les statistiques disponibles révèlent, c'est que la France ne souffre en aucune façon d'un coût du travail prohibitif. Allant à rencontre des thèses défendues par un patronat cultivant une farouche opposition à la notion de salaire différé, une comparaison sérieuse et dépassionnée des différents coûts de main-d'œuvre, tant au plan européen qu'international, montre que la France ne saurait être présentée comme un pays de cocagne pour les salariés... et un enfer pour les investisseurs privés. Il est d'autant plus urgent de tordre le cou aux idées reçues en la matière que la montée en puissance des stratégies d'allégement de charges sociales mine le financement de notre système de protection sociale, opérant, via une fiscalisation rampante, un transfert de responsabilité des entreprises... vers la nation, c'est-à-dire, en bon français, les contribuables.