Points de vue sur l'actualité

Carton rouge

Une motion adoptée au congrès de la CES appelle à desserrer l'étau des 3 % de déficit maximum autorisé par le pacte de stabilité, car il étouffe la croissance et freine l'emploi.

La France s'est vue récemment adresser un carton rouge par l'Union Européenne pour cause de dépassement budgétaire. A son tour, la CFTC adresse un carton rouge à tous ces censeurs qui, parfois eux-mêmes au bord de la récession, croient encore devoir donner des leçons en matière de politique conjoncturelle.

Au Congrès de la Confédération Européenne des Syndicats (CES), à Prague, la politique budgétaire européenne a précisément été évoquée. Une motion y a été proposée par le syndicat allemand DGB, à laquelle nous ne pouvons que souscrire. Pour ses auteurs, l'Europe connaît une phase de stagnation prolongée, voire de récession dans certains pays. Il s'agit d'une crise conjoncturelle qui a des causes multiples, aggravées par une politique monétaire ahurissante, qui augmente les taux d'intérêts alors qu'il faudrait les baisser pour relancer l'économie. Dans un tel contexte, le Pacte de stabilité et de croissance n'étouffe-t-il pas la croissance, empêchant une augmentation de l'emploi avec sa contrainte de 3 % de déficit maximum autorisés ? La motion appelle ainsi à desserrer cet étau afin de rendre aux politiques budgétaires nationales une marge de manœuvre plus grande dans la crise conjoncturelle actuelle. Un exemple : un grand chantier comme celui de l'avion A400M qui vient d'être lancé devrait-il vraiment figurer dans les dépenses budgétaires comprises dans les 3 % ? Est-ce légitime si l'on pense à toutes les retombées attendues de ce projet, en termes d'emplois, mais aussi d'avancées technologiques, dans la recherche, mais aussi en termes de conservation du savoir-faire et de l'outil industriel.

Au Congrès de la CES, la CFTC a dit non à cette vision faussée des choses.