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Négociation sur la formation professionnelle : les partenaires sociaux piétinent

Le 20 mai dernier, les partenaires sociaux ont poursuivi l'étude méthodique du texte proposé par le Medef. C'est à une course d'obstacles plus ou moins insurmontables que se sont pliées les organisations syndicales, arrivant au terme de cette réunion sans réelles réponses à leurs interrogations.

Un des obstacles majeurs à l'évolution sereine de ces travaux est l'absence d'éléments financiers. En effet, jusqu'à présent, le Medef se refuse à chiffrer ses propositions et à dévoiler la part de chacun dans le financement de ce nouveau dispositif. Les organisations syndicales craignent toujours, suite à l'échec de 2001, le développement massif du co-investissement des salariés appelés à se former généralement hors temps de travail. Sur ce point, les organisations patronales paraissaient avoir une vision moins figée lors des rencontres en bilatérales. Le deuxième obstacle rencontré est le refus de consacrer un chapitre aux obligations de l'entreprise dans le cadre du "plan de formation". La disparition d'un cadre normatif des obligations de l'entreprise en matière de maintien des compétences des salariés et d'adaptation au poste du travail est, en l'état, inacceptable pour la CFTC.

Par ailleurs, la CFTC s'est vivement élevée contre la volonté de réduire le Congé Individuel de Formation à la seule reconversion professionnelle, vidant ce droit de sa dimension "éducation permanente". Pour la CFTC, la démarche individuelle serait ainsi aliénée aux seuls besoins de l'employeur.

Enfin, la CFTC refuse de croire que des chefs d'entreprise responsables puissent envisager de former sur leur temps libre des salariés travaillant jusqu'à 48 heures par semaine. Les plus grands besoins de formation et de qualification ne se situent pas uniquement dans le secteur tertiaire administratif, mais souvent dans des secteurs où la pénibilité des emplois n'est plus à démontrer. En conséquence, la CFTC espérait que les propositions portant sur l'usage d'un compte-épargne temps et du co-investissement en temps prendraient en compte l'assouplissement de la réduction du temps de travail accordé par le gouvernement à un grand nombre d'entreprises. Il n'en est rien pour l'instant. Les propositions à destination des petites et moyennes entreprises n'auront guère d'impact sur l'accès à la formation professionnelle de leurs salariés.

Dans l'ensemble, plus le texte se dévoile, moins il apparaît porteur d'ambitions fortes au regard des besoins de formation et de qualification professionnelle qui s'expriment dans les entreprises. Les organisations patronales n'ont pas apporté pour l'instant d'amendement au texte étudié. La CFTC espère qu'elles prendront le temps de l'enrichir au service du développement économique et social de nos territoires et au bénéfice des salariés.